La sécession du Katanga de 1960 dans une œuvre de fiction

Publiée en trois tomes de 2017 à 2019 aux éditions Dargaud, Katanga est une fiction se déroule en 1960 en Afrique centrale. Le Congo vient d’obtenir son indépendance. Moïse Tschombé proclame l’indépendance d’une province du Sud du pays, riche en ressources minières, le Katanga. Le premier ministre du Congo, Patrice Lumumba, et son ministre de la Défense, Joseph-Désiré Mobutu, s’opposent à cette sécession. La situation devient incontrôlable et se caractérise par des massacres et la fuite de civils du Katanga et de la province voisine, le Kasaï. Des casques bleus arrivent sur place pour sécuriser la région et protéger les populations. Des mercenaires arrivent également sur la zone.

Les mercenaires jouent un rôle depuis longtemps. Au XIXe siècle, Msiri est un jeune trafiquant d’esclaves d’Afrique de l’Est qui organise des caravanes pour convoyer des jeunes filles à vendre aux négriers de Zanzibar. Devenu un paria auprès de son père, Msiri part vers l’Ouest et se marie avec les filles de deux rois d’Afrique centrale et un souverain arabe d’Afrique de l’Est. Sanguinaire, il dispose d’armes à feu et d’un traitement contre la variole, lui assurant un pouvoir total sur son peuple, les Bayeke. Le roi rencontre des étrangers de passage : un chercheur d’or allemand (décapité le lendemain de son arrivée), un missionnaire portugais (qui s’enfuit) et un militaire belge à la tête d’une troupe de mercenaires. Envoyé par Léopold II, le roi de Belgique, le commandant Le Marinel évite un guet-apens monté par le vieux roi Msiri. Le roi de Belgique peut ainsi prendre le contrôle de la région. Cette province du Katanga est désormais rattachée au Congo Belge.

Le récit se construit à travers les yeux de Godefroid Munongo, l’un des nombreux petit-fils de Msiri. Devenu ministre de l’intérieur du Katanga indépendant suite à la sécession, il travaille main dans la main avec un chef d’entreprise belge qui exploite et transforme le minerai de Fer, Forthys. Mais la situation se détériore rapidement. La population blanche est ciblée par les milices civiles que l’on appelle les Balubakat (ou Baluba du Katanga). L’armée du Haut-Congo est aux portes du Katanga. Comment s’en sortir et tirer un profit de cette situation particulièrement dégradée sur le plan sécuritaire et dans une région très riche en ressources naturelles ?

Ce récit prenant, bouillonnant est riche en surprise. Les dessins, particulièrement réalistes, retranscrivent l’atmosphère troublée de la période, entre rejet du colonialisme, indépendance politique et enrichissement personnel par l’exploitation des mines. Une véritable pépite.

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Antoine BARONNET @ Clionautes