Un objectif : faire le tour du monde le plus rapidement possible à la fin du XIXe siècle
Connu sur le pseudonyme de Nellie Bly, l’américaine Elizabeth Jane Cochrane est la première véritable femme exerçant comme grand reporter à la fin du XIXe siècle. Elle s’était fait remarquée en publiant un reportage de terrain en 1887 sur l’asile de Blackwell’s Island Hospital à New York.
Les brimades, les sévices et l’alimentation inadaptées aux pensionnaires la convainc d’écrire son expérience de 10 jours chez les aliénés. Ce reportage à sensation lui permet d’accéder à la célébrité et encourage le journal qui l’emploie à l’envoyer encore plus loin.
Lorsque son éditeur, John Cockerill, lui demande quelles sont ses nouvelles idées de reportage, elle répond qu’elle souhaite battre le record de Phileas Fogg dans son tour du monde en 80 jours. Ne parlant que l’anglais et étant une femme, ce projet ne suscite d’abord pas l’enthousiasme. Elle parvient néanmoins à convaincre Pulitzer de son entreprise et propose un itinéraire qui lui permettrait d’arriver en moins de 80 jours à New York. Elle reçoit 200 livres sterling en or et un billet « New York-Londres ». Mais un problème survient : elle n’a pas de passeport ! Il lui sera délivré en quelques jours.
Nellie Bly s’encombre de peu de bagages. Le nécessaire tenant dans son bagage à main, elle ne perdra ainsi pas de temps à attendre à l’arrivée d’un bateau ou d’un train. Elle part le 14 novembre 1889 pour un voyage estimé à 75 jours. Alors que Nelly Bly vient de partir le matin même, un journal concurrent, “The Cosmopolitan”, décide alors d’engager une femme journaliste pour la devancer. Il s’agit d’Elizabeth Bisland qui dirige le service littérature du journal. Son éditeur l’envoie en train depuis Grand Central vers San Francisco le soir même. Pour le journal, l’objectif est d’obtenir un récit de voyage qui stimulera les ventes. La compétition entre les deux femmes est lancée mais Nelly Bly ne l’apprendra que bien plus tard.
Au fur et à mesure des pages de ce roman graphique, les deux protagonistes parcourent le globe et cherchent par tous les moyens à éviter les ruptures entre escales. Londres, Amiens (pour rencontrer Jules Verne), Paris, l’Italie, l’Egypte, Aden, Yokohama, Tokyo. Pendant ce temps-là, Elizabeth choisit de passer par Ceylan et Hong Kong. Qui des deux parviendra la première à New York ?
L’adaptation graphique des aventures de Nelly Bly et d’Elizabeth Cockrane est particulièrement réussie. Les dessins colorés et l’humour particulièrement présent en rendent plaisante la lecture. Quelques cartes supplémentaires auraient pu être utiles pour se représenter le trajet des deux femmes dans leur course à travers le monde.
Ce livre plaira aux collégiens et lycéens désirant connaître les difficultés des femmes journalistes de la fin du XIXe siècle. Une première approche des travaux de Nelly Bly, avant de se plonger dans le livre (« le tour du monde en 72 jours » aux éditions du sous-sol). Une belle réussite d’adaptation littéraire.
Pour aller plus loin :
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