Parmi les publications utilisées ici, il y a le magazine Foreign Affairs, Fondapol qui est un cercle de réflexion français d’orientation libérale se positionnant au centre droit. On y trouve aussi des extraits de Projet ou de Etudes. L’approche proposée concerne à la fois le groupe des BRICS en général et les pays en particulier. Une bibliographie et sitographie complètent le dossier.
Où en sont les BRICS ?
Ruchir Sharma donne le ton du dossier avec un article intitulé « La convergence Nord-Sud est un mythe ». Sur 180 états, seuls 35 sont considérés comme des pays développés. En moyenne, un tiers seulement des marchés émergents ont pu atteindre un taux de croissance annuel de 5% et moins d’un quart sont parvenus à conserver ce rythme pendant deux décennies et un dixième l’ont maintenu trente ans durant. « Lorsqu’on pense le monde sur base d’acronymes, le risque est grand de s’enfermer dans une vision menacée d’obsolescence à court terme. »
Certes, ces pays représentent 40% de la population de la planète, 25% des terres émergées et 20% du PIB. L’Afrique du sud a rejoint le groupe mais elle n’a ni la population, ni la croissance, ni le potentiel économique des quatre autres membres. Les chiffres sont implacables : la Russie et le Brésil affichent 13 000 dollars contre 1389 pour les Indiens : l’écart est considérable. L’article de Foreign Policy propose un jeu d’affirmations, très pratique, autour de quelques formules comme » les BRICS offrent un terrain d’investissements », ou encore « la politique pourrait causer la perte des BRICS ». Une faiblesse revient souvent, celle du manque d’innovation.
Une approche par pays
La revue propose ensuite un article sur les composantes de cet acronyme. Chacun est ciblé sur un thème précis : ainsi la Chine avec la fin du travail à bon marché et les réformes comme celle de la remise en cause de l’enfant unique et ses conséquences possibles. Puis la Russie où le manque d’infrastructures est problématique, l’Inde où des faiblesses systémiques demeurent. Dans le cas chinois, un encart s’intéresse au tournant de Lewis, c’est-à-dire ce moment où le nombre de travailleurs excédentaires diminuant, les salaires dans le secteur à forte productivité commencent à augmenter et les bénéfices se réduisent et l’investissement se contracte.
Qui sont les nouveaux émergents ?
Un premier article s’attache à repérer les critères qui peuvent conduire à placer tel ou tel pays parmi les émergents : cinq critères sont évoqués à savoir le critère de population, de croissance économique, d’urbanisation, d’infrastructures et de stabilité politique.
En fonction de des critères on aboutit aux BENIVM et l’article choisit ensuite de les détailler. Une dizaine ou une quinzaine de lignes sont consacrées à chaque pays et cela permet d’aller vite à l’information. On peut prendre comme exemple le Nigeria avec ses 175 millions d’habitants et premier producteur de pétrole du continent. La ville de Lagos est soumise à une forte croissance démographique puisque il y a actuellement 15 millions d’habitants et chaque année il faut ajouter 600 000 personnes. Ensuite sont détaillés des autres candidats à l’émergence dont l’Angola ou le Mozambique.
Des documents pour les cours
La revue intègre de nombreux documents. Parmi ceux que l’on peut utiliser avec les élèves, il y a une double page qui récapitule les BRICS, CIVETS et BENIVM sur un planisphère autour de six données de base comme le PIB par habitant, la population ou l’IDH. Le document permet de visualiser l’hétérogénéité des émergents sans être trop complexe. Un autre document de synthèse, extrait d’un hors-série du Monde, donne de très nombreux chiffres sur l’Inde et est tout-à fait-utilisable. Intitulé » un pays riche, une société pauvre », il offre de très nombreux repères façon datavision.
Développement durable, France et révolution agricole
Trois autres articles complètent la revue et ils ont aussi un rapport avec les programmes scolaires. En effet, l’un est consacré au développement durable, l’autre à la marque France et un dernier à la révolution agricole. L’article sur la France peut être utilisé en première. L’enjeu est d’avoir une marque France identifiable, qui ne se résume pas à des images trop stéréotypées genre baguette. Une meilleure image de la France pourrait servir à la fois à l’extérieur en terme de vente de produits, et à l’intérieur comme élément mobilisateur. On le sait, les Français sont plutôt pessimistes et pourtant il existe des éléments d’espoir. Qui sait par exemple que 50% de l’électronique embarqué sur la navette américaine Discovery est français ?
Au total, un numéro pleinement utile pour nos cours avec un point critique sur les BRICS et des documents utilisables.
Jean-Pierre Costille © Clionautes.