Actes du colloque international, tenu à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Sénégal) du 23 au 25 mai 2022

En mai 2022 se tenait, à Ziguinchor, un colloque international qui faisait suite à un Atelier « eaux et Sociétés » initié en 2015 ; le propos visait à mesurer les effets du changement climatique en Casamance et les adaptations déjà mises en œuvre.

L’introduction de Silvio Bergamasco, outre une rapide présentation de la Casamance, porte sur les systèmes de production agricole et le partenariat avec l’Agence italienne de coopération.

L’ouvrage, en dépit de son aspect très technique, permet de montrer d’une part que les populations rurales sont conscientes du changement climatique qui affecte leurs activités économiques et d’autre part que les tentatives d’adaptation sont mises en œuvre avec le soutien de la recherche sénégalaise.

Dans la conférence introductive du colloque, Amadou Ndiaye Université Amadou Mahtar M’Bow de Dakar pose les bases théoriques de la recherche : la nécessité de définir un nouveau paradigme pour une approche du développement dans le contexte du changement climatique. Refusant le cadre déterministe occidental, il propose une adaptation aux réalités locales et une approche systémique qui permettent la construction d’un système d’éducation agricole adapté.

Changement climatique, immigration et impacts sur l’agriculture

Un premier article porte sur l’étude de l’impact de la pluviométrie sur les cultures de riz et d’arachide pour l’année 2019 dans deux sites (Coubalan et Niaguis). L’irrégularité des pluies impacte d’autant plus les rendements que les agriculteurs sont confrontés à l’appauvrissement des sols par manque d’amendements organiques, à des semences de qualité médiocre et à la salinisation des rizières. Les auteurs listent les stratégies d’adaptation des populations : choix de variétés à cycle végétatif court, remembrement, semis directs pour répondre à un hivernage tardif c’est la saison des pluies, traditionnellement de mai à octobre en Casamance et introduction de l’arboriculture pour remplacer l’arachide (anacardiers et manguiers).

La salinité et l’acidification des sols est, dans la vallée d’Oussouye, mise en perspective grâce à l’étude de la pluviométrie sur la période 1970-1911. La baisse des volumes de pluie a favorisé les remontées des eaux marines le long des bolongs Mot d’origine mandingue, un bolong est un chenal où se mêlent l’eau douce et l’eau de mer, affluent ou bras de mer des zones côtières du Sénégal, souvent bordé de palétuviers.

Ces remontées salées ont entraîné l’acidification des sols. Les auteurs décrivent le phénomène et les mesures de lutte : barrières anti-sel, plantation d’espèces tolérantes au sel comme les palétuviers, mais aussi, grâce à la recherche agronomique, adoption de variétés de riz plus tolérantes à la salinité.

L’étude suivante porte sur le village de Bona, dans la région de Sedhiou avec une étude fine de la pluviométrie sur un siècle (1921-2021). Si la pluviométrie est généralement excédentaire jusqu’en 1969, la tendance s’inverse ensuite et s’accompagne d’un raccourcissement de la saison des pluies et par conséquent de la période propice à la culture. Les stratégies d’adaptation porte sur la recherche de la meilleure période pour les semis, sur la réalisation par les agricultrices de petites retenues d’eau dans la rizière pour favoriser le repiquage et sur les apports en engrais organiques (feuilles, fanes de riz, coque d’arachide, cendres…).

C’est ce thème de la fertilisation qui est abordé dans la communication suivante : expérimentation d’apports organiques et chimiques sur sols sableux pauvres et à faibles rendements (1 à 2t/ha). L’expérimentation est située à Djibelor, au sud-ouest de Ziguinchor.

Sur l’étude de l’impact de la pluviométrie sur les cultures de riz et d’arachide pour l’année 2019 dans deux sites (Coubalan et Niaguis). L’irrégularité des pluies impacte d’autant plus les rendements que les agriculteurs sont confrontés à l’appauvrissement des sols par manque d’amendements organiques, à des semences de qualité médiocre et à la salinisation des rizières. Les auteurs listent les stratégies d’adaptation des populations : choix de variétés à cycle végétatif court, remembrement, semis directs pour répondre à un hivernage tardif c’est la saison des pluies, traditionnellement de mai à octobre en Casamance et introduction de l’arboriculture pour remplacer l’arachide (anacardiers et manguiers).

La salinité et l’acidification des sols est, dans la vallée d’Oussouye, mise en perspective grâce à l’étude de la pluviométrie sur la période 1970-1911. La baisse des volumes de pluie a favorisé les remontées des eaux marines le long des bolongs Mot d’origine mandingue, un bolong est un chenal où se mêlent l’eau douce et l’eau de mer, affluent ou bras de mer des zones côtières du Sénégal, souvent bordé de palétuviers.

Ces remontées salées ont entraîné l’acidification des sols. Les auteurs décrivent le phénomène et les mesures de lutte : barrières anti-sel, plantation d’espèces tolérantes au sel comme les palétuviers, mais aussi, grâce à la recherche agronomique, adoption de variétés de riz plus tolérantes à la salinité.

L’étude suivante porte sur le village de Bona, dans la région de Sedhiou avec une étude fine de la pluviométrie sur un siècle (1921-2021). Si la pluviométrie est généralement excédentaire jusqu’en 1969, la tendance s’inverse ensuite et s’accompagne d’un raccourcissement de la saison des pluies et par conséquent de la période propice à la culture. Les stratégies d’adaptation porte sur la recherche de la meilleure période pour les semis, sur la réalisation par les agricultrices de petites retenues d’eau dans la rizière pour favoriser le repiquage et sur les apports en engrais organiques (feuilles, fanes de riz, coque d’arachide, cendres…).

C’est ce thème de la fertilisation qui est abordé dans la communication suivante : expérimentation d’apports organiques et chimiques sur sols sableux pauvres et à faibles rendements (1 à 2t/ha). L’expérimentation est située à Djibelor, au sud-ouest de Ziguinchor.

Adaptation du secteur agricole aux changements globaux

La première contribution met en évidence la volonté des agriculteurs de s’adapter aux nouvelles conditions quelque soit le terroir envisagé : terres de plateau avec des cultures pluviales de céréales (riz, mil, sorgho) et arachide – les vallées et bas-fonds consacrés à la riziculture inondée qui nécessite beaucoup de travaux manuels – les champs de case : maraîchage, arbres fruitiers (manguiers, papayers, agrumes) et maïs comme céréale de soudure. Les agriculteurs perçoivent clairement le changement climatique dans cette région autrefois autosuffisante qui est, aujourd’hui en déficit vivrier ce qui impose des politiques d’adaptation.

La durabilité de la riziculture de Moyenne et Haute Casamance, l’étude se situe dans les régions de Sedhiou et Kolda. Elle montre l’effet positif de l’alphabétisation des femmes sur l’adoption de techniques agricoles durables tant au plan environnemental que social.

L’article suivant s’intéresse à la modification hydroclimatique des estuaires de la Gambie et de la Casamance. La remontée de salinité s’étend sur 250 km à l’intérieur des terres du fait de la baisse des apports fluviaux avec des effets négatifs et positifs de l’irrigation par effet de marée.

Défis de la transition technologique, économique et sociale

L’analyse des dynamiques et vulnérabilité des socio-éco-systèmes sont étudiées sur la riziculture et l’évolution des paysages forestiers. Outre la pluviométrie déjà abordée dans les contributions précédentes, les auteurs s’intéressent à la hausse des températures moyennes annuelles. Ils décrivent les atteintes aux écosystèmes : érosion côtière et dégradation de la mangrove, particulièrement visibles dans le secteur de kafountine alors que la mangrove est très importante pour la fixation du trait de côte et la limitation des remontées de sel. Ils évoquent une modification des paysages agraires (augmentation des tannes), une « savanisation » des forêts due à la fois au changement climatique et à la mise en culture de nouvelles terres suite à des migrations internes d’agriculteurs venus du centre du pays, surtout en Haute Casamance.

L’étude des facteurs agronomiques et socio-économiques sur la production agricole montre une agriculture de type familial dans laquelle les femmes jouent un grand rôle. Elles représentent 70 % de la force de travail. Dans un contexte de baisse de production agricole, la vente des légumes procure un revenu minimum. La production de riz est freinée par un manque de financement pour l’achat de semences, fertilisants et une tension sur le foncier. Les perspectives de développement proposées visent à une meilleure autonomie alimentaire par un soutien à la riziculture, une diversification des revenus plus efficace par une meilleure commercialisation et la transformation des productions.

La contribution suivante est consacrée aux technologies numériques. Les auteurs étudient une expérimentation de l’utilisation du numérique dans le conseil technique aux agriculteurs, rendue nécessaire par la Covid. Le constat d’une fracture numérique n’est guère étonnant, car 60 % du territoire dispose d’une mauvaise couverture mobile. L’étude des pratiques montre l’usage prédominant des réseaux sociaux (notamment WhatsApp). Malgré les freins rencontrés, les auteurs pensent que le défi de la formation par le numérique pourra être surmonté.

Le développement économique de la Casamance a longtemps été entravé par son enclavement, au sud de la Gambie, comme le montre bac sur la Gambiel’étude des effets attendus de la construction du pont de la Sénégambie. Les auteurs décrivent longuement et avec beaucoup de réalisme la situation antérieure : les camions transportant les récoltes pouvant attendre jusqu’à une semaine avant d’avoir accès au bac…

Un pont a été ouvert en janvier 2019 facilitant le transport inter-urbain entre la Casamance et Dakar. Les auteurs notent le déclin du petit commerce sur les rives de la Gambie qui vivaient des blocages liés au bac et la grande satisfaction des Casamançais.

La recherche pour la transition vers une agriculture résiliente et durable

Quel avenir pour l’agriculture casamançaise dans un contexte de recul de la riziculture et les migrations des jeunes vers Dakar ? Face à la menace de diminution des pluies, annoncée vers 2030-2035, il est urgent de renforcer la résilience des agrosystèmes. Les auteurs s’appuient sur des exemples positifs : développement autogéré de l’Entente de Diouloulou, développement de la petite mécanisation à Coubanao dans les Kalounayes. Les efforts sont à faire pour limiter la perte des terroirs rizicoles dans les zones basses en remédiant aux mauvais usages des digues, non entretenues faute de main-d’œuvre. Les auteurs dénoncent un autre frein : le riz produit en Casamance est concurrencé, sur le marché intérieur, par les riz à bas coût importés d’Asie du Sud-est. Les agriculteurs se désintéressent de la riziculture au profit de productions plus rémunératrices comme les anacardiers. On voit aussi un retour de l’arachide après un déclin depuis 1976.

Dans sa contribution sur la recherche en agroforesterie, Daouda Ngom revient sur la définition de l’agroécologie. Il montre toute l’importance de la place de l’arbre pour la fertilité des sols. Il décrit les efforts, à poursuivre, de la recherche au Sénégal.

L’étude des indicateurs agroclimatiques porte sur l’impact de trois scénarios de changement climatique, dans un futur proche et plus lointain. Le plus notable est la baisse attendue des précipitations : de -10 % (2020-2049) à -40 % (2070-2099). Concrètement, c’est une réduction de la durée de la saison des pluies avec un début plus tardif. L’autre aspect évoqué est la multiplication des événements extrêmes.

Face à ce changement climatique, il est urgent de rechercher les meilleures stratégies d’intensification de la riziculture des bas-fonds. Les auteurs dressent un état des lieux de la situation : monoculture, intensité du travail manuel, surtout féminin, utilisation de variétés traditionnelles.

Le Centre de Ressources Virtuels, de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, est un outil de mutualisation et de diffusion des recherches en Afrique de l’Ouest. Cette plateforme numérique est destinée aux chercheurs, mais aussi aux décideurs, élus et administrateurs. Divers thèmes sont abordés : vulnérabilité des ressources, mobilité des populations, développement économique et social, gouvernance.

Conditions d’un entrepreneuriat inclusif et compétitif, transition vers des systèmes de production innovants et performants et axes stratégiques du développement de la Casamance

Ousseynou Konaté décrit le Projet Agropole Sud, dans un partenariat public/privé, tourné vers l’insertion des jeunes : appui à l’installation sur les différentes activités de la filière agricole : production, stockage, transformation, commercialisation. Ce projet se développe dans le cadre du Plan Sénégal Émergent lancé en 2014. La présentation de la plateforme est un peu théoriquePour un exemple à Bignona (Casamance) : Actualisation de l’étude d’impact environnemental et social du projet plateforme économique intégré de Bignona. Initié par la commune de Bignona. Rapport Final – PPDC-ZIG_0009.pdf (78.49Mo.

 

Des structures se mettent en place pour favoriser l’intensification comme la SODAGRI pour la promotion des fertilisants, le POAS et la Charte du domaine irrigué et aménagé pour une gestion plus durable des sols et de la ressource en eau, et la gouvernance du foncier.

La coopération italienne s’est intéressée à la formation des femmes à de bonnes pratiques culturales. L’article décrit l’important travail féminin tant domestique qu’agricole. L’étude montre les freins au développement agricole comme l’accès au foncier, la divagation du bétail et les inondations.

Dans le cadre du Plan Sénégal Émergent, la riziculture tient une grande place à l’échelle nationale, avec deux programmes PAPSEN et PAIS. En Casamance, en relation avec la coopération italienne, des recherches d’innovation ont été lancées. L’article met l’accent sur l’accompagnement des associations, la formation des producteurs et le suivi de parcelles expérimentales.

Les deux dernières contributions sont consacrées aux agricultrices et au renforcement de leurs compétences. La première traite du maintien de fertilité des sols. La seconde analyse la contribution des femmes à la sécurité alimentaire du ménage dans un village, Djimbana dans la région de Sédhiou.

 

On peut regretter la taille et la médiocre qualité des cartes.