Compte-rendu du DVD paru aux éditions Montparnasse.

En écho à l’exposition qui leur a été consacrée en 2014 au musée du Quai Branly et loin des vieux clichés de notre enfance, «Sur la piste des indiens des plaines», réalisé par Yves Riou et Philippe Pouchain, est un hymne magnifique à la culture amérindienne dans toute sa richesse et sa complexité.

Avant l’arrivée de l’homme blanc, les indiens des grandes plaines d’Amérique du Nord vivaient en parfaite harmonie avec la nature ; une nature riche de la diversité de ses paysages, de ses longues pelouses jaunies aux monts décharnés par le vent ou la pluie. Dans cet univers, une mosaïque de peuples, guerriers et artistes, où chacun avait sa place : le chef de clan d’abord qui se distinguait par sa coiffure en plumes ; le guerrier à cheval, animal qui avait été introduit par les premiers colons; la femme qui choisissait son homme et qui pouvait le refuser s’il ne lui convenait pas ; les hommes-femmes qui s’ils étaient des hommes devaient s’habiller en femme et partager les travaux de la tribu, qui s’ils étaient des femmes devenaient des guerriers ; les vieux-sages qui pouvaient hiberner un hiver entier selon la légende ; le chamane qui était capable de lire dans les rêves… Cette société hiérarchisée et matriarcale a vu arriver le colon, pour qui l’indien n’était qu’un élément du décor, une sorte de sauvage sanguinaire qu’il fallait civiliser et évangéliser au nom de la manifest destiny… et qui, sauf à de rares exceptions, n’a pas su percevoir la richesse culturelle de cet indien des grandes plaines.

Richesse iconographique à travers des bijoux ciselés, des coiffes, des dessins comme les ledger counts, peints sur des peaux de bisons ou sur du papier apporté par les Européens ou comme le calendrier du sioux White Horse dont chaque icône relate un événement majeur de l’année pour la tribu : une chasse aux bisons, l’arrivée de la variole qui décimera une partie de la population au début du XIXème siècle. Richesse linguistique d’une société orale qui communique à travers les images, la musique ou la fumée du calumet. Richesse spirituelle à travers le guerrier qui cherche pendant ses rêves, à capter l’esprit de l’animal qu’il a tué pour en faire ensuite son protecteur ou qui proche de la mort, souhaite que son âme rejoigne le paradis des chasses éternelles. Richesse du «contraire», ce guerrier qui dans son désir de progresser psychiquement pour se rapprocher des esprits, marche à reculons, voit des poissons voler, arrive à être bon et méchant à la fois.

Ce documentaire passionnant est illustré des images d’Edwards Curtis qui filma toute sa vie des indiens, et enrichi par les témoignages de deux artistes Lakotas, John Duane et Roger Broer dont les peintures relatent les croyances de ces indiens si attachants et qui de cette façon contribuent à la réhabilitation de la culture amérindienne; le tout est décrypté par deux scientifiques, l’ethno-archéologue Michel Petit et un conservateur du musée du quai Branly, André Delpuech. Les enseignants pourront y trouver des sujets d’inspiration même si les programmes d’histoire-géographie n’offrent pas beaucoup d’occasions d’aborder le sujet. On peut proposer cependant quelques pistes et quelques ouvrages de référence.

Les paysages en géographie : la vidéo offre différents paysages qui peuvent être analysés en classe (prairie, chaparral, inselberg…) en sixième, en quatrième dans la rubrique «décrire et expliquer quelques paysages représentatifs du territoire des Etats-Unis».
On peut aussi utiliser quelques œuvres des artistes Lakotas dans le cadre de l’Histoire des Arts.
Au lycée, on pourra traiter la question indienne dans le cadre du programme de seconde sur les Grandes Découvertes ou la proposer comme sujet dans le cadre des TPE.

Pour aller plus loin

Sur la question indienne et le western, les ouvrages sont nombreux. On peut citer:

Les Indiens dans le western américain de Mathieu Lacque-Labarthe aux Presses de
l’Université Paris-Sorbonne (PUPS), Paris, 2013 : une analyse remarquable de
l’évolution de l’image des indiens dans le western.
La mythologie de l’ouest dans l’art américain 1830-1940 publié à l’occasion des
expositions de Rouen, Rennes et Marseille en 2008.
Géographies du Western, une nation en marche de Jacques Mauduy et Gérad Henriet chez Nathan (Paris, 1989) : très utile pour analyser les paysages fabriqués ou non des grands maîtres du western. Indispensable.
– La documentation photographique a consacré un numéro à «Histoire et cinéma aux Etats-Unis» (n°8028, août 2002). Il propose des pistes pédagogiques comme l’analyse d’un paysage du film de John Ford «La chevauchée fantastique» (le territoire américain)… mais qui sont liées aux anciens anciens programmes d’histoire.
– L’ouvrage Guerre de sécession et western avec les Tuniques bleues de Philippe Tomblaine (CRDP Poitou-Charentes, 2010) offre de multiples pistes pour le collège et le lycée. Il est accompagné d’un CD rom.

Vincent Lahondère
Enseignant-Formateur TICE Languedoc-Roussillon