Séverine Laliberté est archéologue au CNRS et autrice de bande dessinée ; Nicola Gobbi est dessinateur. Sur les traces des archéologues, leur ouvrage commun, nous amène à la rencontre du processus scientifique à l’œuvre dans le cadre d’un travail de terrain en archéologie.
L’ouvrage débute par le survol du Proche-Orient par Antoine Poidebard, pionnier de l’archéologie aérienne. Celui-ci met en évidence, sur l’un des clichés qu’il prend lors d’un vol, un « cerf-volant du désert », forme épousée par une structure des plus impressionnante . Se trompant lourdement sur le sens à donner à cette infrastructure, il y attache de surcroît peu d’importance et préfère étudier le système défensif romain.
Les « kites (les « cerfs-volants » mentionnés supra)» sont des constructions de grande dimension, constituées de longs murs qui mènent à un enclos. Ce dernier est pourvu de structures absidiales, des logettes, réparties de manière périphérique.
Après un large saut chronologique, le lecteur part à la rencontre du travail d’une équipe pluridisciplinaire qui, en 2007 en Syrie, cherche à comprendre la fonction de ces grands monuments. Les différentes hypothèses les concernant sont égrenées (lieux de culte, aménagements hydrauliques, lieux d’élevage, dispositif pour la chasse).
Le roman graphique évoque ensuite l’enquête de terrain menée par le laboratoire Archéorient de Lyon en Arménie, les différents scientifiques mobilisés puis le rapprochement avec d’ autres équipes d’archéologues en Jordanie et au Kazakhstan. C’est que si le plus grand nombre de « kites » se situe dans le « désert noir » entre Syrie et Jordanie, on en trouve également localisés en Arménie, en Arabie, en Ouzbékistan, au Kazakhstan…
D’où l’importance de pouvoir mieux cerner les spécificités de ces monuments par une large équipe de spécialistes. Le petit ouvrage aborde ainsi, avec un bel esprit didactique, tous les éléments permettant une avancée scientifique, du travail collaboratif au traitement des artefacts en passant par les problématiques de financement et les difficultés rencontrées sur le terrain.
Ce beau roman graphique insiste surtout sur la passion qui anime l’ensemble des scientifiques embarqués dans l’aventure d’une fouille et c’est là sa plus belle réussite !