La maison de Nohant, l’héroïne principale
La dame de Nohant est élevée par sa grand-mère dans le domaine familial. Descendante du maréchal de Saxe, Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, orpheline de père est délaissée par sa mère roturière à 7 ans. Elle se forge un caractère fantasque avec un besoin de se créer un monde imaginaire. Trop rebelle pour son précepteur, la jeune fille fait un séjour au couvent parisien des dames augustines. Assagie mais plus passionnée, son retour à Nohant lui permet de s’initier à la médecine. Elle s’adonne à des lectures souvent interdites par l’Église mais présentes dans la bibliothèque de son aïeul. Quand cette dernière lui lègue son domaine, Nohant devient son refuge pour libérer sa créativité et écrire encore et encore. La campagne berrichonne lui procure un sentiment de liberté et le goût des grands espaces où elle monte à cheval.
Quand Aurore devient George, la notoriété pousse l’écrivain vers les mondanités parisiennes dans sa Mansarde bleue, quai Malaquais. Pourtant Nohant reste son lieu d’inspiration, son lieu de replis, son port d’attache.
Retirée du monde, la demeure accueille pourtant les plus fameux artistes du moment, Balzac, Flaubert, Liszt, Delacroix mais aussi les amants les plus passionnés de LA Sand, Alfred de Musset et bien sûr Frédéric Chopin, son compagnon de dix ans.
Un récit féministe servi par un crayon romanesque
Pleine d’énergie, George Sand incarne le combat féministe. Au-delà des convenances, elle mène une vie d’homme. Vêtue d’un costume pantalon masculin, Madame fume le cigare, multiplie les liaisons mêmes féminines et fréquente les salons littéraires et politiques. Converti aux idées républicaines et socialistes, l’écrivain s’engage pendant les trois glorieuses dans des journaux comme « La cause du peuple ».
« Libre, libre, libre »
Cet « homme de lettres » a osé s’opposer aux règles corsetées imposées aux femmes de son temps, privées de droits civiques et assujetties à une tutelle masculine toute leur existence. Dans ses romans, elle exprime les affres de l’âme féminine et révèle leurs sentiments, un parti pris très osé pour l’époque.
« Moi je ne peux vivre sans aimer »
Telle une héroïne de théâtre, art qu’elle aimait particulièrement, George Sand a endossé le rôle de toutes les femmes en une seule vie. Elle a connu l’amour et le chagrin, le mariage et la séparation, la maternité avec un fils chéri et une fille rivale, la passion des amours interdits, amants et maitresses mais aussi les privilèges des hommes et la féminité, la gloire et la fréquentation des beaux esprits, l’exaltation de l’écriture et de la musique, l’engagement politique et le soutien aux plus pauvres.
S’il a fallu deux éditeurs pour imaginer une première de couverture originale, une carte à jouer qui incarne George versus Aurore, il fallait bien deux femmes au style subtil pour honorer celle qui a pu vivre une existence hors du commun : les textes poétiques de Chantal Van den Heuvel et les dessins romantiques de Nina Jacqmin. C’est un homme pourtant qui clôture l’album :
« Je pleure une morte mais je salue une immortelle » Victor Hugo