Recension par Sophie De Velder

 

L’auteur, Laurence Decréau, analyse la grande division intellectuel / manuel qui a structuré l’histoire du travail et de l’école dans notre pays. Cette division est devenue absurde à l’heure où c’est désormais l’industrie qui a du travail à offrir aux jeunes. Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, l’auteur commence par une analyse idéologique des discours : les bâtisseurs de l’école de la République ne se sont jamais remis de l’allégorie de la caverne platonicienne qui dévalorise le réel et fait du manuel un enchaîné prisonnier de ses sens.

La dernière partie est consacrée au cas pratique : l’étude de l’histoire de l’école de la IIIe République (1870-1875) depuis ses origines avec Jules FERRY.

L’école avait à l’origine ses 3 ordres, le primaire, le secondaire et le technique; et c’est au nom de la démocratisation que s’est opéré la main-mise du secondaire intellectuel sur les autres ordres. L’école unique (Réforme Haby du collège unique en 1975) a en réalité consacré la relégation des manuels, la voie professionnelle a perdu sa dignité pour devenir celle des laissés pour compte.

Ce livre court ( 120 pages) est particulièrement méritoire de la part de son auteur, une intellectuelle agrégée de lettres classiques qui défend la cause (perdue ?) des métiers « manuels » dan un pays qui a fait preuve d’une remarquable continuité dans le sectarisme.

La France n’a jamais promu autre chose qu’une seule forme d’intelligence, l’intelligence intellectuelle, ce qui avait le mérite de légitimer les inégalités sociales puisque intellectuel et bourgeois allaient et vont toujours de pair.

 

L’éditeur presses des Mines  nous signale que le livre peut être feuilleté ou téléchargé à cette adresse.