Cette BD est un véritable bijou, une œuvre d’art. Les éditions Glénat republient les BD de Paolo Eleuteri Serpieri, cet artiste italien est un passionné de l’histoire de l’Ouest américain.
Roberto Guarino et Matteo Pollone proposent dans une longue introduction une présentation de cette réédition de Serpieri, un amoureux des grandes plaines américaines. On peut lire, avant même de découvrir les BD, initialement publiées entre 1978 et 1982, comment l’artiste passionné dès son enfance de westerns, a recherché des informations pour être au plus près des réalités qu’il met en scène. Comment il a étudié les peintures du XIXe siècle et notamment celles de George CatlinOn pourra retrouver quelques reproductions dans cet article de WikiArt. dont certaines sont reproduites dans l’ouvrage.
Une interview de Serpieri complète ce tome 2Aperçu du T1 sur le site des éditions Glénat ici des Histoires de l’Ouest.
Les ouvrages traitants de l’Ouest américain sont nombreux, y compris en BD. Celles de Serpieri la plupart au trait en noir et blanc sont d’une grande qualité artistique.
Ce volume est la réunion de BD plus ou moins longues qui plongent le lecteur en plein westernLa véritable histoire de l’Ouest américain, Jacques Portes, Armand Colin, 2016. Il est vrai que l’auteur est un bon connaisseur de ce genre cinématographique. Pourtant la place donnée aux Amérindiens est bien différente de ce qui est courant dans ce genre. Bien documentée, l’œuvre cherche à restituer, malgré la fiction, un récit authentique, respectueux des Hommes et des femmes qui ont vécu dans le Grand Ouest. L’empathie de l’auteur pour les Amérindiens est très perceptible.
Il faut prendre le temps d’observer chaque planche, chaque case pour apprécier la richesse du dessin et l’expressivité des personnages. On se prend à regretter de ne pouvoir agrandir chaque case tant les détails sont précis, le trait fin, de véritables œuvres d’art, servies par une documentation de qualité.
Si certaines BD sont de pures fictions et décrivent la vie, parfois aventureuse des Blancs, d’autres rendent un hommage à ces peuples qui ont cherché à défendre leur terre et leur mode de vie.
Le Chaman ou le refus de vivre dans une réserve.
Le bison montre le déplacement des troupeaux et des hommes en route vers un Sud, plus clément en hiver et la chasse dangereuse de ce gibier intimement lié aux Amérindiens des plaines, ici des Pwanées.
D’autres évoquent la ruée vers l’or (L’or maudit), un autre motif de chasser les Amérindiens ou la marche des Mormons vers la terre promise vers les rives du Grand Lac Salé et la fondation de Salt Lake City.
Certaines sont plus historiques, Sempieri propose un récit du massacre de Wounded KneeSur cet épisode peu glorieux des guerres indiennes voir Ce qui est arrivé à Wounded Knee, Laurent Olivier, Flammarion, 2021, dans La danse des esprits, BD dans laquelle il évoque le messianisme de Wovoka, le déplacement de la tribu du Big Foot et la fin cruelle de Sitting Bull.
Dans Sitting Bull – Crazy Horse, BD consacrée aux guerres indiennes, l’auteur montre comment malgré des traités comme celui de fort Laramie en 1868 qui reconnaissait la propriété des Sioux Lakotas sur Black Hills, les colons ont grignoté leur territoire, notamment pour la construction du chemin de fer transcontinental. Il fait le récit des événements qui conduisirent à la défaite de Custer à Little Big Horn.
Dans TecumsehJ’ai laissé les récits dans l’ordre de présentations dans l’album qui n’est pas celui de la chronologie réelle, on retrouve l’utilisation des Amérindiens dans les conflits entre Blancs, ici la guerre entre les États-Unis et le Canada, sous l’autorité britannique entre 1812 et 1815.
Ces quelques exemples sont tout à fait exploitables en classe, à mettre en parallèle avec d’autres documents. La fiction peut ici introduire à l’histoire, d’autant que Sempierei donne la parole aux Amérindiens peu présents dans les documents d’époque.
L’œuvre donne à voir la violence systémique de l’Amérique.
À déguster sans modération.