Mêlant archives photographiques, extraits de journaux intimes et correspondances, cet ouvrage de David Teboul nous plonge dans l’intimité des sœurs Jacob.
Dans la prolongation de son documentaire diffusé sur France 5 en octobre 2022, ce livre est riche d’éléments inédits. L’histoire d’amour de Simone Veil avant son départ en déportation pour un certain Henri, le récit saisissant de Madeleine (Milou) à son retour, mais aussi la voix de Denise. Il s’agit, dans une large partie de cet ouvrage, de comprendre le retour douloureux à la vie des filles Jacob dans l’immédiat après-guerre.
Les échanges entre Simone (très jeune et libre d’esprit), Madeleine (réservée et à l’écoute de ses sœurs) et Denise (indépendante et agent de liaison dans le mouvement Franc-Tireur à Lyon), nous permettent de mieux les comprendre et de pénétrer leur univers, leur quotidien.
Si la guerre a décimé la famille Jacob, l’amour liait ces trois sœurs inséparables. Leur importante correspondance, mêlant pudeur et affection, ainsi que les nombreuses photographies offrent au lecteur l’occasion de connaître leurs souvenirs et leurs douleurs.
Dans ce livre choral, nous entendons le manque, l’absence de leurs parents et de leur frère Jean ainsi que le traumatisme des camps. La question de la déportation est ainsi au cœur même de cet ouvrage, décrit précisément parfois, abordé souvent, il nous plonge dans le destin de ces trois sœurs et dans leur volonté de se reconstruire et d’aller vers la vie.
Le décès de Madeleine dans un accident de voiture en 1952 marque durablement Simone. « La disparition de Milou fut un arrachement, un choc dont je ne me suis jamais remise. Jean, papa, maman, Milou… Le destin s’acharnait sur nous. La famille était décimée. Denise et moi étions seules. Notre trio n’était plus. J’étais ravagée par le chagrin ». (p.183) « Milou a toujours été pour moi une sorte de substitut de ce qu’était Maman. […] En déportation, quand Maman n’a plus été là, elle a exercé sur moi l’autorité d’une mère. Les filles de mon âge au camp étaient seules. Mon amie Marcelline s’est sentie indépendante, moi pas du tout, je suis restée très soumise à Maman et à Milou » (p.188).
L’ouvrage se conclut par les photographie prises par Jean Jacob précédées par le discours émouvant de Marcelline Loridan-Ivens lors de l’enterrement de Simone Veil. En effet, Jean Jacob, très souvent évoqué dans les correspondances entre ces trois sœurs, est un des personnages principaux de cet ouvrage.
Il s’agit donc d’un livre fort qui vous porte et vous revient en mémoire régulièrement. Un très bel ouvrage accessible aux élèves de 3ème comme aux lycéens.