Dans la préface, Maria GRAVARI-BARBAS explore tout d’abord le concept d’ « intelligence touristique ». D’un côté le tourisme a transformé les milieux et les sociétés et de l’autre ceux-ci se sont adaptés en retour en cherchant parfois à le canaliser et à réguler ses impacts. Dans ce contexte, les relations entre tourismes, territoires, organisations et individus doivent être repensées. L’adaptation devient donc une notion-clé, qu’elle soit contrainte ou le produit d’actions innovantes accompagnant les demandes émergentes (plus individualisées et utilisant les technologies numériques par exemple). Elle est souvent les deux à la fois, violente et créative. « Une nouvelle « intelligence du tourisme » est donc nécessaire pour que cette adaptation se fasse par et dans l’intérêt du secteur touristique et des territoires d’accueil ».

Les auteurs, membres de l’UMR Pacte à l’Université Grenoble Alpes, présentent ensuite l’ensemble des contributions, dont l’objectif commun est de traiter de l’articulation dialectique tourisme(s)-adaptation(s). L’adaptation est ainsi défini comme « l’ensemble des ajustements des pratiques et des activités développées par les différents acteurs concernées pour faire face à des pressions ou contraintes « externes », « internes », des « aléas » ou pour exploiter les opportunités, afin de rester attractif dans des conditions nouvelles. » Elle dépend   » de l’acceptabilité du tourisme, du touriste et de ses impacts par les populations et les territoires concernés dont les attentes et exigences en matière sociale, environnementale ou éthique évoluent. » Plusieurs thématiques sont abordées en lien avec l’adaptation : gouvernance / risques et résilience / nouvelles pratiques touristiques / changements environnementaux / nouvelles ressources / nouvelles technologies /…

Plusieurs articles attirent plus particulièrement l’attention : la tentative de renouvellement du modèle balnéaire de masse en Tunisie (par Mahammed SOUISSI), le tourisme de/en guerre en Syrie (par Zeid Alkhaid KASSOUHA), Mutations, déprises et tensions dans l’espace touristique espagnol (par André SUCHET), concurrence des destinations dans le Grand Paris (par Camille ROUCHI), les conséquences du changement climatique sur la diversification du tourisme en montagne, analyse des cohabitations dans une station touristique chinoise (par Wenbo HU, Zhong BIN LI et Luc GWIAZDZINSKI). D’autres sont très originaux et étonnants : activités touristiques et handicap visuel (par Isabelle MALLET) ou Vivre la nuit en touriste au centre comme en périphérie à partir d’une nouvelle approche de la lumière (par Sylvain BERTIN).

En conclusion, plusieurs confirmations se dessinent :

  • le tourisme s’impose dans le monde entier avec des impacts importants ;
  • il évolue rapidement vers un post-tourisme ou un après-tourisme ;
  • face à l’accélération et à l’intensification des mutations, la notion d’adaptation semble importante ;
  • on assiste bien à des adaptations du tourisme et des adaptations au tourisme.

Cet ouvrage permet donc d’amorcer une réflexion pointue sur les conditions de l »habiter touristique » en constante évolution. Les contributions très variées, par leurs thématiques et les lieux étudiés, montrent que le dialogue entre tourismes et adaptations est souvent à l’origine de nombreuses hybridations, l’un influençant l’autre. Les candidats à l’agrégation interne y trouveront des exemples originaux pour illustrer leurs copies et les professeurs de Géographie pourront satisfaire leur curiosité sur le sujet. Les représentations graphiques, en noir en blanc, constituent toutefois  une faiblesse.