Architecte et urbaniste, Philippe PANERAI a enseigné dans différentes écoles d’architecture. Ses recherches sur les formes urbaines et son activité d’urbaniste lui ont valu le Grand Prix d’Urbanisme en 1999. Il propose cet ouvrage dans la collection La ville en débat (PUF), dirigée par Jacques DONZELOT (La ville à 3 vitesses), dont quelques titres ont déjà attiré l’attention des géographes comme La ville émiettée (Eric CHARMES) ou La métropolisation en question (Cynthia GHORRA-GOBIN).

Introduction

L’auteur précise que cet ouvrage a été écrit après son hospitalisation à cause du Covid-19 et à la lumière des nouvelles interrogations, notamment dans le rapport à la ville, apparues pendant la pandémie.

Première partie : l’histoire des évolutions des écoles d’architecture post-1968, entre (Beaux-)Arts mais aussi Techniques

On repère notamment l’influence d’Henri LEFEBVRE, « premier à parler de la ville d’aujourd’hui, de ses espaces et de ses habitants ».

Deuxième partie : elle réexamine les notions et les outils alors enseignés, 50 ans après

Il s’agit alors d’ouvrir des pistes et d’esquisser des réponses à des questions « que la réflexion sur l’avenir pose chaque jour à ceux qui travaillent sur les formés, les dispositions et l’architecture de la ville », selon une progression des échelles du logement à la ville. La principale conséquence de la pandémie fut le confinement de millions de personnes dans leur logement. Alors au centre de nos vies, il est devenu l’objet de nombres interrogations sur sa taille, sa configuration (pour le télétravail et la cohabitation parents/enfants par exemple), ses contraintes, son prix,…
La réflexion sur des dimensions plus généreuses doit s’accompagner du retour à des logements traversants (pour permettre notamment une ventilation naturelle) et si possible ouverts sur l’extérieur. Les appartements d’Auguste PERRET au Havre sont cités comme exemples pour ces qualités et leur modularité. Mais quelle place pour les grands ensembles, aux logements souvent de piètre qualité et dont les habitants ont souvent le sentiment d’être mis à l’écart et pour les pavillons accusés de favoriser l’étalement urbain alors que paradoxalement ils favoriseraient « le maintien d’une couverture végétale et participe à la lutte contre le réchauffement climatique » ?
Contre les logiques séparatrices (dont les gates communities sont un symbole), il semble surtout important de rassembler ses tissus urbains si diversifiés.
Philippe PENERAI propose donc d’utiliser le concept opératoire de « tissu urbain » comme « association des espaces publics, les découpages parcellaires et les bâtiments, les jardins et les bois qui viennent s’y inscrire […] pour projeter la ville ou ses parties, en gérer les évolutions et en corriger les dysfonctionnements. » De fait, la ville désigne aujourd’hui une agglomération qui a dépassé les limites de la commune mère, qui rassemble des territoires divers et des occupations hétéroclites, entrecoupés par des infrastructures de transport et où coexistent des zones agricoles, des secteurs naturels, des plateformes logistiques et des friches. Ville et campagne sont bien souvent imbriquées, ce que valide les inter-communalités.
Dans cette ville éparpillée, il faut (re)penser le polycentrisme et la multipolarité. On peut alors parler de la ville comme d’une constellation avec « autant de centres autour et à partir desquels se structurent les flux ».
Enfin, avec la même finalité d’accorder la ville et le territoire mais en prenant en compte la dimension environnementale, il convient de « retrouver les chemins de l’eau » en considérant par exemple que tout espace non bâti n’est pas un vide potentiellement constructible. Il convient donc de reconnecter la ville à son territoire, à son site originel et ne pas « cacher » ses aspects les plus naturels.

 

Conclusion

La ville d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec les villes d’il y a un siècle. Elle s’est transformée, se diluant pour certains dans l’urbain. Elle se caractérise d’abord par le fait qu’elle n’a plus de limite durablement marquée. Penser la ville de demain constitue de plus en plus à assembler les fragments d’une urbanisation qui juxtapose des tissus hétérogènes. Surtout il faut dépasser l’opposition ville/campagne et se garder d’opposer, de manière un peu artificielle, les métropoles aux territoires, qualifiés parfois de périphériques (Christophe GUILLUY). Ainsi cet ouvrage plaide pour une complémentarité des centres et des périphéries, pour une diversité des manières d’habiter de vivre. Il intéressera les étudiants et les enseignants en urbanisme et en géographie, mais aussi toute personne qui se pose des questions sur la ville d’hier, d’aujourd’hui et surtout de demain et qui y trouvera quelques réponses mais surtout des pistes de réflexion.