A la réception de cet ouvrage, le lecteur ne boude pas son plaisir. Partir en voyage à Abu Dhabi pour fréquenter des œuvres achetées ou prêtées par le Louvre présage de bien des découvertes merveilleuses. Béatrice Fontanel nous a habitués à concevoir des ouvrages gais, attractifs et enrichissants. En effet, cette auteure aime rédiger pour les petits et les grands des albums originaux aux thèmes recherchés (Plus de 120 titres chez plusieurs éditeurs). Ici, les voyages sont pluriels. Non seulement la découverte est muséale mais la lecture fait aussi voyager dans le temps et dans l’espace. Chaque double page arbore un thème évocateur avec des œuvres présentées en miroir venant d’horizons différents.
Cet album grand format emmène petits et grands en voyage au cœur d’un des plus beaux musées du monde, le Louvre Abu Dhabi, grand musée d’art à vocation universelle.
Ainsi, les jeunes sont invités à comparer des statues de religions différentes comme une orante mésopotamienne et une figurine fang, ou des idoles néolithiques contemporaines pourtant si éloignées géographiquement. Ils découvrent les grandes civilisations conquérantes ou lointaines, qui se sont influencées.
Un voyage au cœur d’un des plus beaux musées du monde, le Louvre Abu Dhabi
A l’inverse, on constate au fil des pages des similitudes d’invention ou de création alors que les peuples n’ont pas été en contact comme les monstres chinois, les dragons, et les sphinges grecques, les premiers bénéfiques et les secondes terrifiantes.
Les types d’objets ne sont pas oubliés avec une armure de samouraï et celle d’un guerrier ottoman ou les instruments de navigation (astrolabes et planisphère peint pour la République de Gènes). L’auteur convoque également les textes sacrés page 24-25 où sont exposés de magnifiques sutras, les textes bouddhistes les plus importants ou des exemplaires de la Torah, du Coran ou d’une Bible richement enluminée. Elle joue sur la découverte des matériaux, la céramique illustrée par des aiguières zoomorphes ou la vaisselle d’Iznik vendue et copiée dans le monde entier mais aussi l’ivoire ciselé par une pyxide et une valve de miroir.
Certains thèmes s’avèrent plus surprenants comme les conversations en spirales d’une tour de Babel flamande du XVIe siècle et d’un projet architectural de même forme du russe Vladimir Tatline datant de 1919 mais jamais réalisé. L’ensemble de l’ouvrage propose un voyage temporel d’exception bien venu à une époque où la mondialisation semble unifier les pratiques et les paysages : p 94-95, « Tout est connecté en ce début de XXIe siècle. La planète est devenue un vaste village global… Naît la question majeure de l’identité de chacun. »