Vu dans le dernier numéro de la revue Urbanisme, l’architecte de formation Alex Maclean se tourne rapidement vers la photographie aérienne, surtout des espaces nord américains. Son dernier ouvrage, préfacé par Robert Campbell, se concentre sur cet objet original que constitue le toit des habitations, cette « cinquième façade » comme l’appelait Le Corbusier. Et quel autre terrain que New York la créative pouvait constituer meilleure source d’inspiration pour Maclean ?
Représentant, à Manhattan, jusqu’à un tiers de la surface imperméable du quartier, les toits offrent un potentiel énorme, notamment dans le domaine de l’environnement. Le vert domine logiquement mais le blanc également qui permet de garder le frais dans les constructions en réchauffant toutefois l’atmosphère. Malgré tout, New-York reste bon élève en la matière avec assez peu de voitures et peu d’espaces inutilisés entre les bâtiments.
Au delà de ces bonnes pratiques appuyées par les élus, l’objectif est également esthétique puisqu’entre les immeubles des années 20-30 coiffés d’une « pointe » et la platitude du modernisme d’après Guerre, un créneau décoratif restait à couvrir, ce que le couvert végétal permet désormais de faire.
Après une carte de situation, ce sont six parties thématiques qui structurent ce beau livre.
La première traite des « usages multiples », on réalise ici que le toit fait essentiellement office de jardin de banlieue. Garnies de salons de jardin, plantes, sols parfois carrelés ou recouverts de bois, les terrasses représentées sur ces premières photographies nous renseignent sur la division « socio-économique » de l’espace comme en témoigne le nombre de possibilités d’y accéder.
S’intéressant aux « lieux de repos », la deuxième partie offre une vision apaisante de la ville en présentant oasis de verdure, piscines, golfs et autres scènes de bronzette. Certaines bâtisses affichent des arbres déjà âgés, signe de l’ancienneté de la démarche, arbres que l’on cherche le plus souvent en variété naine pour d’évidentes raisons pratiques.
Le troisième volet évoque les « usages collectifs ». Les piscines et golfs ne sont désormais plus privés, tout comme les terrains de tennis et aussi les pistes de course ! Les restaurants et même des cours de récréation complètent ce tableau des espaces de sociabilité.
Une quatrième partie, « tours », propose pas mal de clichés de nuit puisque l’idée est ici d’aborder le repérage. Les personnes présentes sont largement des touristes en quête de souvenirs.
Traitant de « l’énergie », la cinquième partie offre pléthore de toits blancs dans ces paysages inhabités si ce n’est par quelques paraboles, verrières, panneaux solaires et réservoirs d’eau.
La sixième partie ouvre le propos sur la « ville verte » avec cet étrange paradoxe d’une ville considérée comme la plus verte d’Amérique en proportion de son nombre d’habitants alors qu’elle n’apparaît que comme étant béton. La présence de verdure fournit de nombreux avantages : un effet rafraichissant, relaxant, évitant les inondations et laissant même la possibilité de cultiver quelques fruits et légumes. Certaines grandes superficies ressemblent même à de véritables espaces verts. L’ancienne voie ferrée, devenue « High Line Elevated Park », permet aux habitants de s’offrir une balade de 1 kilomètre et demi.
Enfin, une septième partie consacrée aux « bizarreries » rend hommage aux cas de figures insolites rencontrés par Maclean à l’image de scènes de séances photos ou de tournages. Une réplique de biplan au 77 Water Street laisse une impression surréaliste mais le plus surprenant reste sans doute la présence d’immenses graffitis qui interpelle, outre sur la question de la sécurisation des accès aux toits, mais surtout sur le public lecteur potentiel…divin ou utilisateurs de Google Earth ?
Sans nul doute, une façon originale de l’utiliser.
Davantage sur le fond, ce voyage permet vraiment d’apprécier le potentiel des habitants d’une ville, tant dans le domaine créatif que sur les impératifs écologiques. Les photos, quant à elles, sont superbes.