L’école nationale supérieure d’architecture de Bretagne et l’Université de Rennes 2 proposent un double cursus à des étudiants architectes et urbanistes. Les productions des ateliers portant sur le renouvellement urbain appliqué aux grands ensembles, aux lotissements et aux zones d’activités sont ici présentées.

Ces trois types de zones ont été choisis car ces quartiers, situés dans les années 1960 en frange de ville, se trouvent aujourd’hui recentrés dans le cadre d’une ville étendue. Les étudiants devaient réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour densifier ces espaces tout en tenant compte des désirs des habitants pionniers et ceux des générations suivantes ou à venir. Ils devaient mettre en œuvre la « ville douce », c’est à dire « faire avec existant, les habitats pionniers, les entités urbaines composites et sectorisées des villes, l’organisation multimodale des territoires. » (p. 12) ou mieux pratiquer une « acuponcture urbaine ».

Les trois ateliers menés lors de deux années universitaires portaient sur des tissus urbains caractéristiques du phénomène de périurbanisation : grands ensembles, lotissements et zones d’activités. Ces trois types de tissus ont la caractéristique commune de présenter des densités faibles (COS moyen de 0,75 dans les grands ensembles, de 0,28 dans les lotissements et de 0,40 pour les zones d’activités contre 1,25 pour les centres bourgs). Les marges de densification sont importantes. Ces quartiers permettent aussi d’interroger des notions telles que la cohabitation (jeunes / vieux, riches / pauvres…) et d’amener les étudiants à ne pas oublier l’existence de frontières sociales et de conflits pour mettre en œuvre des espaces partagés ou mutualisés.

Pour cela, le Pays de Rennes a ouvert un appel à idées qui a donné l’occasion à des groupes d’étudiants mixtes (architectes et urbanistes) de proposer des solutions. Une conférence sur le projet BIMBY (Build In My Back Yard) a permis de présenter les tenants et aboutissants de cette démarche de densification urbaine. Les projets des groupes d’étudiants sont présents dans les trois livrets.

Autant, les projets qui concernent le quartier de grand ensemble du Blosne (situé au sud de l’agglomération à côté de la rocade de contournement) semblent réalisables (centre des artisans calqué sur celui mis en œuvre par Christian Portzamparc à Almere, Pays-Bas ; création de liaisons vertes pour casser l’effet de rupture de la rocade, création d’une polarité commerciale autour du Triangle, école nationale de danse), les projets concernant les lotissements ou les zones d’activités se rapprochent de l’utopie. La démarche BIMBY fonctionne lorsque les habitants s’approprient la problématique de la densité et non quand on leur impose. Aussi, si le départ d’une entreprise jusque là implantée dans une zone d’activité peut permettre de densifier l’espace avec d’autres locaux ou de l’habitat, dans le cas des lotissements pavillonnaires la démarche BIMBY est souvent le fait de personnes qui densifient pour rentabiliser le bien acheté en y installant des membres de leur famille (descendants ou ascendants s’installant en fond de parcelle dans une petite maison). Quand ce n’est pas le cas, très souvent les propriétaires revendent pour aller s’installer ailleurs. Il n’est pas facile d’avoir des voisins si prêts de chez soi quand on n’y a pas été habitué. Le projet primé La voiture autrement, vers une résilience douce est représentatif de l’air du temps. Il reprend les principes mis en œuvre dans l’écoquartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau : création de parkings collectifs, circulations douces favorisées dans le lotissement au détriment de la voiture cantonnée à des rues à sens unique à vitesse réduite. Le projet Liffré en forêt propose de planter une forêt à la lisière du lotissement (à la place d’un projet de ZAC). La question des terres agricoles n’est pas posée. Comme si la ville n’était pas une entité dépendante d’un environnement agricole comme économique ! Car c’est bien joli de « mettre du vert dans la ville », encore faut-il que les habitants puissent disposer d’emplois.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes