Jean-Paul Pancracio est agrégé de droit et professeur émérite de l’université de Poitiers, spécialiste en droit de la mer et du littoral. Il est également membre de la Société botanique de France et de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle. On lui doit, sur le sujet, un ouvrage très complet sur le Droit de la mer (Dalloz, 2010, 520 p.) et un autre sur La piraterie maritime : droit, pratiques et enjeux (Vuibert, 2014, 223 p.).

« Lieu de résidence, de travail, de vacances, le littoral est la zone la plus attractive du territoire national » : c’est ainsi que l’auteur met l’accent sur l’intérêt du sujet. Le livre est défini par son auteur comme un ouvrage sur le littoral « envisagé dans sa globalité, comme entité naturelle et sociale ». Ainsi est-il construit en trois parties : la définition légale et biologique du littoral ; la protection de ce dernier et enfin son aménagement. La clarté de l’écriture de Jean-Paul Pancracio fait de ce petit usuel un livre très pratique mais qui reste essentiellement un ouvrage de droit. La définition, la protection et l’aménagement du littoral sont abordés de manière très précise sous l’angle de la juridiction en vigueur ou passée, montrant ainsi les évolutions et les contours d’un espace de plus en plus « cadrés » par le législateur.

Ainsi, c’est sans doute avec la loi « littoral » de 1986 qu’il faut trouver une première tentative de définition de cet espace maritime en interdisant les constructions nouvelles dans une zone située à 100 m du rivage (art. 27 de la loi littoral). Mais force est de constater qu’il n’existe pas de véritable définition juridique du littoral et que ce vide impose à l’auteur d’aller questionner les diverses sciences s’intéressant à la « bande côtière ». On connaît en revanche un lexique volumineux des composantes physiques du littoral : la plage, la grève, l’estran, le pré-salé, les dunes, la laisse de mer. Cette dernière correspond à la ligne bien visible que trace sur le sable le varech que la mer a déposé lorsqu’elle se retire. Les vingt pages consacrées à l’inventaire de ces composantes du littoral permettent d’aborder la faune et la flore qui peuplent cette zone.

La protection est un domaine bien mieux cadré par la loi. Ne serait-ce que par la délimitation du domaine public maritime et les autorisations d’occupation temporaire (AOT) que les collectivités territoriales délivrent. Qui dit domaine public dit compétences et pouvoirs de police sur ce domaine. Le domaine public maritime est placé sous l’autorité du maire de la commune littorale, du préfet de département et du préfet maritime (Premar : trois amiraux, basés à Cherbourg, Brest et Toulon). En deçà du domaine public maritime, il y a les espaces naturels du littoral qui sont des zones sauvegardées et protégées. Les prélèvements et délaissements y sont interdits ; les paysages et les sites particuliers y sont protégés, tout comme certains biotopes (Natura 2000).

L’aménagement du littoral est abordé selon deux axes : l’ouverture sur la mer et la planification. Là encore, les décisions d’aménagement sont cadrées par des textes de lois très précis. Ainsi quelque aménagement envisagé, l’aménageur doit faciliter et libérer l’accès du public au littoral. Il est soumis aux limites de la densification urbaine. L’ouvrage se termine sur les dispositifs étudiés pour lutter contre l’érosion des côtes ou pour aider les habitants à envisager l’avancée des zones de submersion.