L’ouvrage Atlas de la guerre d’Algérie, de la conquête à l’indépendance, rédigé par l’historien Guy Pervillé, est désormais un livre de référence pour ceux qui s’intéressent à l’histoire complexe de l’Algérie, depuis la colonisation française jusqu’à l’indépendance obtenue en 1962 sans omettre les mémoires et les héritages qui en découlent. Spécialiste reconnu de la guerre d’Algérie, Guy Pervillé propose aux lecteurs un regard complet et nuancé sur cette période marquante de l’histoire. Cet ouvrage se distingue à la fois par son approche à la fois chronologique et thématique simple ainsi que par la richesse des nombreuses cartes proposées qui permettent d’analyser à la fois les dynamiques militaires, politiques, économiques et sociales d’un conflit aux répercussions majeures pour la France et l’Algérie. Cette quatrième édition, revue et augmentée, contient des cartes supplémentaires et met à jour certaines analyses en fonction des recherches les plus récentes.

L’histoire de l’Algérie, de la conquête à l’indépendance

L’un des points forts de cet atlas est la manière dont Guy Pervillé retrace les différentes phases de la guerre d’Algérie en les replaçant dans leur contexte historique plus large. La première partie du livre examine la conquête coloniale française de l’Algérie, un processus progressif et souvent violent qui débute en 1830. La colonisation de peuplement et les inégalités qui traversent cette nouvelle société expliquent les insurrections, les résistances et la formation du nationalisme algérien.

Le cœur de l’ouvrage est consacré à la guerre d’indépendance (1954-1962), une période marquée par la lutte du Front de libération nationale (FLN) contre l’armée française, ainsi que par des tensions internes au sein de la société algérienne. L’un des points forts de cet atlas, comme pour tous ceux des éditions Autrement, réside dans sa dimension visuelle. En effet, les cartes permettent de visualiser le quadrillage territorial du FLN en six wilayas mais aussi celui de l’armée française, les zones de combat et les principales offensives militaires, les mouvements de population, le bouclage des frontières montrant ainsi comment la guerre a touché des régions entières. L’atlas montre également l’ampleur des violences de part et d’autre, tout en soulignant les stratégies mises en place, tant par le FLN que par les autorités françaises, pour contrôler le territoire et l’opinion publique.

Les conséquences et les mémoires liées au conflit

La dernière partie de l’ouvrage de Guy Pervillé s’intéresse à la façon dont le conflit a marqué durablement les mémoires collective et individuelle, autant en France qu’en Algérie. L’auteur aborde ainsi la mémoire traumatique des violences de guerre, les fractures entre anciens combattants et populations civiles, le douloureux « rapatriement » des harkis ainsi que les lieux de mémoire et les commémorations, devenues l’enjeu de débats politiques. Cette perspective permet de relier le passé au présent, en soulignant comment la guerre d’Algérie continue d’influencer les relations franco-algériennes et les questions identitaires dans les deux pays. Les revendications algériennes de repentance ont longtemps empêché un dialogue serein et constructif entre les deux États. La déclaration du président Tebboune en 2020 ainsi que le rapport Stora remis à Emmanuel Macron en 2021 laissait présager une avancée significative avec la mise en place d’une commission mixte d’historiens mais, les tensions faisant suite aux propos du président français critiquant la « rente mémorielle » de l’État algérien ont retardé sa mise en place. Finalement, la commission s’est réunie pour la première fois en 2023.

 

En revisitant cette période à travers un format visuel et didactique, cette quatrième édition de l’Atlas de la guerre d’Algérie de Guy Pervillé contribue à la diffusion d’un savoir essentiel, dans un souci d’objectivité et de pédagogie, contribuant ainsi à une mémoire collective plus apaisée. L’entrée par la géographie et la cartographie permet d’éviter une vision strictement chronologique du conflit, en soulignant les dynamiques sociales, militaires ou géopolitiques, ce qui en fait un outil accessible aussi bien aux étudiants en histoire qu’aux lecteurs désireux de mieux comprendre les implications territoriales, sociétales et mémorielles du conflit.