Le ministère de la Culture propose d’ailleurs un très beau site internet pour explorer cet endroit. Une autre façon d’en savoir plus est de se plonger dans ce livre documentaire. Il ne présente pas de chapitres clairement délimités, mais ce n’est absolument pas gênant pour la lecture et la compréhension
Comment rendre compte de la grotte Chauvet ?
Il faut d’abord dire que la grotte Chauvet est l’une des plus anciennes grottes ornées préhistoriques. Elle date de trente-six mille ans avant J.-C. Là aussi, un site internet permet d’appréhender les lieux : http://www.cavernedupontdarc.fr/. De plus, depuis 2015, le grand public peut découvrir une reproduction à quinze minutes de la grotte d’origine. Alors, pour préparer la visite, ou pour en garder un souvenir, il y a aujourd’hui ce livre documentaire. Il a été écrit par Sébastien Gayet qui a travaillé depuis 2010 sur le projet de restitution de la grotte comme responsable de la communication et des relations presse. Précisons que le texte présente deux tailles de caractères pour donc donner les idées essentielles puis des approfondissements. L’ouvrage est illustré par Julien Billaudeau et il faut dire d’emblée qu’il s’agit là d’un défi graphique car comment rendre compte d’une telle réalisation ? Le choix a été fait de ne pas copier, car objectivement le site internet du ministère évoqué ci-avant permet cela. L’illustrateur a donc choisi de passer par un pas de côté avec une palette très colorée qui correspond bien à ce qu’il a déjà produit, comme en témoigne son site. A la fin du livre, on trouve une chronologie, à la fois simple et essentielle, sur la Préhistoire. On y distingue les premiers hominidés, le Paléolithique et le Néolithique avec des repères d’évènements et de dates. Il y a également un glossaire et, dans le corps du texte, les mots qui font l’objet d’une définition apparaissent en couleurs.
Aux origines de la grotte
L’ouvrage évoque d’abord la découverte de la grotte en la situant en France en parlant du Pont d’Arc. Les dessins qu’on peut y voir datent donc de 36 000 avant Jésus Christ et ils n’ont été découverts ou redécouverts qu’il y a à peine plus de vingt ans. Avant d’évoquer le contenu, les auteurs abordent quelques éléments techniques. Ainsi, ils proposent déjà une comparaison pour que les plus jeunes puissent se rendre compte de l’ancienneté d’un tel lieu. Si on part sur trois générations par siècle, 1080 générations séparent la grotte Chauvet d’aujourd’hui ! Après, il y a le hasard de la découverte, avec ce qu’on appelle les trous souffleurs. En effet, c’est le nom que les spéléologues donnent à ces souffles qui sont souvent la preuve de l’existence d’un espace souterrain. On apprendra aussi les redoutables défis que pose la conservation d’un tel lieu. Au passage, l’enfant découvrira peut être la variété des métiers convoqués pour conserver ce lieu. Ce passage se termine en évoquant l’ouverture d’une copie à l’identique en 2015.
Quels animaux sont représentés ?
Les auteurs passent ensuite en revue le contenu de la grotte. Cela commence par quelques rappels, comme le fait que les hommes n’ont jamais vécu dedans. L’ours est très présent et on a retrouvé pas moins de 200 crânes de cette espèce dans ce lieu. On a d’autres indices comme des bauges. Le bestiaire disponible est assez impressionnant : quatorze espèces animales dessinées, peintes ou gravées, dont 80 lions, 79 mammouths ou encore 72 rhinocéros laineux, mais une seule panthère. Les informations que peut apporter la science sont assez incroyables. Ainsi on a pu déterminer à partir de crottes de loup que ce dernier avait mangé un morceau d’ours deux jours plus tôt ! On trouve des scènes de chasse tellement étonnantes et vivantes que le préhistorien-cinéaste Marc Azéma les a comparées à du dessin animé ou de la bande dessinée. Ensuite quelques focus sont proposés sur des scènes issues de la grotte comme le bison à huit pattes ou le combat de rhinocéros.
N’oublions pas les artistes
Un développement est ensuite consacré à la question des artistes qui ont façonné cette grotte. Les auteurs disent clairement que les peintres aurignaciens qui ont fait cela sont « comparables à Michel Ange ou Picasso ». Cela permet de se débarrasser de toute vision évolutionniste pour l’art. On sait aussi que les artistes travaillaient avec des mains recouvertes de pigment. Grâce à la science, on arrive même à savoir que l’un d’eux avait un petit doigt tordu. Plusieurs millénaires avant donc les premiers connus, un artiste a signé, à sa façon, son œuvre. On trouve également l’empreinte d’un pied d’enfant. Pourquoi peindre ici ? La question n’est pas éludée même si on privilégie aujourd’hui une explication de type religieuse.
Les Aurignaciens, si loin, si proches
Dépassant l’approche sur la grotte Chauvet, les auteurs livrent donc un portrait des Aurignaciens, qui sont nos ancêtres directs. Le but est de nous les faire mieux connaitre. C’est un peuple de semi nomades, et ils sont des homo sapiens comme nous. Ensuite est reconstitué leur environnement : ils vivent entourés de nombreuses espèces qui ne sont pas représentées dans la grotte. Ils pêchent des saumons et voient voler autour d’eux des canards colverts ou des grands ducs. Cette partie est particulièrement réussie car elle nous donne à comprendre ces hommes, et donc à les rapprocher de nous. Un paragraphe s’intitule même « une journée chez les Aurignaciens ».
Cet ouvrage propose donc une vision large qui dépasse le simple cadre de la grotte Chauvet. Il évite l’écueil de la reproduction stérile et offre plutôt de mieux connaitre ceux qui réalisèrent une telle oeuvre. On réalise aussi ce que la science permet de connaître d’un tel lieu. Une réussite.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.