DVD PAL • 2005 • 52′ • documentaire
[Paris]: l’Harmattan vidéo [éd., distrib.], 2007.
Ce documentaire sera diffusé sur TV5MONDE Afrique le 28/04/08 et le 05/05/08.
Le réalisateur Sébastien Tézé a déjà réalisé quelques documentaires engagés depuis le début des années 2000 sur des thèmes comme l’environnement (Le silence de l’atome, à propos du Nord Cotentin), la société (Gilles, itinéraire d’une vie, le parcours d’un Sdf) ou “Oui Mai” un regard 30 ans après sur mai 68. Il réalise en ce moment un documentaire sur les essais nucléaires français: Le secret des irradiés. Il est aussi l’un des responsables de la jeune société “les films d’un jour” créée en 2004.
Pour ce film de 52′ Le film reprend des reportages déjà présentés dans le DVD : AFRIQUE, LES MÉTIERS DE LA RUE, du même auteur-réalisateur et daté de 2006, Production 2PG Pictures, Les Films d’un Jour, L’Harmattan il est associé à deux jeunes Camerounais le scénariste Guy Foumane et le réalisateur Blaise Pascal Tanguy qui nous conduisent à la découverte de l’économie informelle. La première partie est centrée sur le commerce de médicaments, la seconde est un parcours dans les périphéries urbaines à la rencontre de l’économie de la débrouille qui fait vivre 2 citadins sur 3. L’économie informelle est pour beaucoup le seul moyen de survivre dans un pays ouvert à la mondialisation et dominé par les inégalités.
Dans ce pays d’Afrique centrale où tout paraît possible aux investisseurs étrangers, le marché de la contre-façon explose, en particulier dans un secteur pourtant délicat celui des médicaments. Les 20 premières minutes du film présentent “Président” petit marchand de médicaments et “docteur de trottoir” dans une rue du centre de Yaoundé. On le voit dans ses activités commerciales: étalage de boîtes sur un tapis à même le sol, de l’aspirine au kit de perfusion, diagnostic des petits bobos et vente au détail: un efferalgan c’est 100 CFA, encore trop cher pour certains clients. Il nous explique à la fois les raisons de ce commerce, la technique de lecture des boites à la recherche de la molécule prescrite à l’hôpital, les dangers possibles liés à la contrefaçon, la tolérance des autorités et la nécessité sociale de ce commerce mais aussi l’origine de sa marchandise: la “fripe” dont on ne sait s’il s’agit de dons en provenance d’Europe, de médicaments dérobés à l’hôpital ou de contre-façon asiatique.
Sans réelle transition, le film nous invite aussi à suivre “Man pass Man”, un adulte handicapé, peut-être à cause d’un médicament contre-fait, ce n’est pas dit mais suggéré, qui survit, non dans la mendicité qu’il refuse mais grâce à un petit commerce dans les rues de la ville, vente au détail de cigarettes, bonbons…dignité et joie de vivre malgré l’adversité.
Ce volet peut être une première approche des questions sanitaires dans un pays d’Afrique, il faudra alors inciter les élèves à se questionner car le documentaire évoque plus qu’il ne dit, activité pouvant déboucher sur une enquête.
La seconde partie est un parcours dans les quartiers périphériques de Yaoudé, on y rencontre d’abord à Ngousso, dans la banlieue Ouest, un groupe de femmes de tous âges, mères de nombreux enfants, vieilles femmes, qui s’entraident pour survivre face aux difficultés et aussi face aux hommes qui cherchent à les contrôler ou à profiter de leur travail. Dans un fond de vallon, elles extraient des blocs de granite qu’elles concassent à la seule force de leurs bras, une activité pénible pour quelques pièces quand elles vendent leur gravier aux entrepreneurs. Ce travail est certes pénible et peu rémunérateur mais il leur permet de garder leur dignité.
On retrouve ce même courage dans un autre coin de la ville avec les fondeurs de marmites. Dans les marécages des bidonvilles du quartier Tsinga, à partir de métaux récupérés: des tôles, des jantes de voitures, des barres de fer, de vieux blocs moteurs… dans des conditions dangereuses, près de 1000 degrés à proximité de fours plus que rudimentaires, ils fabriquent chaque jour quelques dizaines de marmites qui seront, après finition, revendues sur les marchés de la ville. Deux exemples de cette économie de la débrouille qui permet la survie de toute une population urbaine, animée par le courage et la nécessité de faire vivre une famille.
C’est ensuite, à Douala, Akwa Nord, que nous découvrons dans quelles conditions est extrait le sable par des équipes composées d’hommes jeunes: un piroguier et deux plongeurs qui, au péril de leur vie, les piroguiers souvent ne savent pas nager, ramènent de l’estuaire le sable remonté à l’aide d’un seau, un travail là encore harassant et si peu payé, pourtant indispensable aux activités de construction. Rien n’est donné d’avance au cours de l’expédition en mer nous dit l’un de ces jeunes hommes ni la certitude d’un retour, ni l’évidence de trouver du sable de bonne qualité, ni la maîtrise des caprices du temps, ni la fiabilité des pirogues et des pagaies… Un tout qui fait du chercheur de sable un perpétuel candidat à la mort.
Le film alterne les interviews et une voix off. Le ton choisi est délibérément pessimiste voire dramatique, pourtant les images parlent d’elles-mêmes. Chaque petit reportage de cette seconde partie dure environ 10 minutes. En classe de Cinquième, on peut choisir de ne présenter que le tout début qui oppose l’arrivée en avion, très “occidentale”, mondialisée et la rue débordante d’activités, d’hommes et de femmes , de vieilles Toyota devenues taxis….Chaque petit reportage peut constituer une entrée dans la réalité africaine, car on est ici en ville, avec des femmes et des hommes volontaires, actifs et c’est un bon contre-point aux représentations d’une Afrique rurale, indolente et sans avenir souvent présente chez les élèves.
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