Le dossier de ce numéro intitulé « Agriculture et alimentation » correspond à un thème abordé au collège dans le thème 2 du nouveau programme de 5 ème (« Des ressources limitées à gérer et à renouveler ») et en seconde avec la question « Nourrir les hommes ». Autant dire qu’il fournit des éclairages et des actualisations intéressantes. La revue propose dans son édito d’aborder la question sous trois angles : la situation actuelle, la réinvention nécessaire du système alimentaire mondial et enfin un focus sur la question du gaspillage.

Où en est la situation mondiale ?

Le constat de départ est paradoxal et oscille entre bonnes et mauvaises nouvelles : des progrès ont été faits dans la lutte contre la faim, ne serait-ce que si l’on pense au nombre de gens qui ont faim par rapport au total de la population mondiale aujourd’hui et il y a 20 ans par exemple. Mais, en même temps, le chiffre s’élève encore à près de 800 millions de sous-alimentés. En Afrique, la situation est contrastée car 18 pays ont réussi à diminuer de moitié le nombre de personnes souffrant de la pauvreté, mais d’autres problèmes ont surgi comme l’obésité. L’agriculture représente 60 % du PIB du continent mais avec de multiples zones et un potentiel agricole immense. Pourtant, sur 8 pays dont l’indice de la faim dans le monde est alarmant, 5 sont africains. Plusieurs défis sont à relever comme le fait de préserver la fertilité des sols. La revue offre un très utile tableau autour de six chiffres commentés. Précisons-en quelques uns : 200 000 km2, c’est la superficie de terres arables qui s’érodent chaque année dans le monde ou encore 110 hectares qui correspond aux surfaces arables grignotées quotidiennement par l’expansion urbaine, ce qui représente sur une année la superficie de l’Italie !!

Inventer un autre système alimentaire mondial

On est parvenu à un point où l’on ne peut que constater les limites d’un certain modèle alimentaire. Le deuxième article intitulé « la surproduction alimentaire affame le monde » donne des chiffres qui font réfléchir. En 1961, les produits de l’agriculture fournis par 1,37 milliards d’hectares nourrissaient 3,5 milliards de personnes et en 2011 la population a doublé mais les terres n’ont augmenté que de 12 % . Comme le constate Olivier de Schutter « produire toujours plus n’a pas réglé le problème de la faim ». Il faut donc envisager de faire autrement. Dans la première contribution, Shenggen Fan plaide pour une approche plus globale et promeut le concept de système alimentaire mondial. Il prend en compte « toutes les activités et tous les élément impliqués dans le parcours de la nourriture depuis l’exploitation agricole jusqu’à l’assiette du consommateur ». On lira avec intérêt le passage qui pointe les six critères que doit remplir le système alimentaire mondial pour contribuer au bien-être des populations et de la planète : « être efficace, être ouvert à tous, être attentif aux enjeux du changement climatique, être durable, privilégier la nutrition et la santé et favoriser les initiatives entrepreneuriales ». Chacun de ces points est accompagné d’au moins un cas concret. L’article se termine par un appel à la mise en place d’un «  indice du système alimentaire » qui donne des indications sur ces six critères.

Quelles solutions ?

Si l’intensification n’est pas la solution, il faut regarder du côté de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il faut marteler ce chiffre : à l’échelle du globe, plus d’un tiers de la production alimentaire est perdu ou gaspillé. Un article spécifiquement intitulé « Innover pour réduire le gaspillage alimentaire » offre des perspectives très intéressantes. En effet, il ne suffit pas d’imaginer des solutions, il faut être sûr que les populations puissent s’en emparer. A ce titre on consultera un excellent document « Six registres de réduction du gaspillage alimentaire » avec les leviers de réduction du gaspillage, la liste des technologies associées et un exemple significatif d’une technologie. Illustrons cela par un exemple : prolonger la fraicheur des produits alimentaires hautement périssables peut se faire grâce à des emballages respirant par technologie de perforation et cela peut s’appliquer aux légumes et fruits frais. Les auteurs dégagent trois degrés d’acceptation des technologies par les consommateurs pour savoir finalement sur quoi cibler l’action pour qu’elle soit efficace. Les emballages microperforés font partie des technologies les mieux acceptées au contraire de l’ionisation.

Argent, population et famille

En dehors du dossier, trois thèmes sont traités. Tout d’abord une analyse de la Gazette de la société et des techniques. C’est un bimestriel publié par les Annales des Mines dont le but est de « faire connaitre des travaux qui peuvent éclairer l’opinion sans prendre parti ni exprimer un point de vue officiel ». L’article s’intitule « Fiscalité et climat » et développe le cas suédois. Ce pays lutte depuis longtemps contre le réchauffement climatique à travers une taxe carbone.
Le deuxième « Plus vieux, moins nombreux » met l’accent sur un aspect essentiel de la démographie. Ainsi, en Chine et au Kenya, l’ONU prévoit un quintuplement du taux de dépendance des personnes âgées entre 2015 et la fin du siècle : c’est dire combien les sociétés seront différentes. Dans les pays plus développés ce ratio va doubler.
Le dernier article de la revue est issu de « Chronique international de l’IRES » et est consacré à la nouvelle politique familiale allemande. Le pays souhaite augmenter le taux d’emploi féminin et a donc mis en place plusieurs leviers dont une réforme des congés parentaux ou des modes de garde pour atteindre cet objectif.

On peut signaler les toujours très utiles infographies avec «  la faim dans le monde » et « l’agriculture en France » ou encore des encarts comme « les agricultures face à la PAC ». Un numéro de qualité pour actualiser nos cours.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes