Scénarisée par Philippe Thirault et dessinée par Sandro, cette bande dessinée de la collection Explora s’attache à retracer les grandes expéditions scientifiques d’Albert Ier de Monaco. Elle a été réalisé à partir d’une idée de Robert Calagna de l’Institut océanographique de Monaco et présente une dizaine des 28 campagnes océanographiques effectuées de 1885 à 1915 par le prince.
Mis à l’eau principalement dans l’Atlantique Nord et les espaces arctiques, Albert Ier possède 4 navires successifs dédiés à l’exploration (L’Hirondelle et le Princesse-Alice). Jeune, il s’oppose à l’esclavage à Cuba en 1867. Entre 1878 et 1879, il s’intéresse principalement aux écosystèmes des Açores, à Madère et aux Canaries. Avec son chien Satan à bord, il encourage de nombreuses avancées techniques pour l’océanographie : dans l’instrumentation, la cartographie et la diffusion des connaissances par des livres et des conférences (à l’Université populaire de Paris, puis dans toute l’Europe de l’Ouest). Par exemple, il lance 679 flotteurs pour l’étude des courants, utilise des sondes pour les profondeurs de l’Atlantique Nord. Avec un peintre (M. Borrel) et un maître d’équipage (Jean-Auguste de Guerne), il permet la rédaction (par lui-même ou son équipe) de plus d’une centaine de rapports scientifiques. Les planches représentants des crevettes ou des physalies (méduses) sont nombreuses : la piqûre de ces dernières l’encourage également à soutenir les recherches médicales.
Son séjour à Safi au Maroc en juin 1897 est l’occasion pour lui de filmer la société marocaine : ce sont les plus anciennes images animées prises dans la région à l’aide d’une caméra (de la marque Gaumont). Parcourant l’hémisphère Nord, le prince s’oppose à des chasseurs tuant la faune (rennes et oiseaux) en masse dans une baie au Spitzberg. Lors de l’Exposition Universelle de 1900 se tenant à Paris, Albert Ier est captivé par un panorama peint sur le pavillon malgache : il en profite pour recruter l’auteur de cette œuvre afin qu’il puisse réaliser des œuvres lors de ces expéditions. C’est ainsi que Louis Tinayre rejoint les équipes monégasques. A la fois sur le terrain et soutien financier par des activités de mécénat, il rencontre Graham Bell et Buffalo Bill en 1913 lors de son séjour en Amérique du Nord (États-Unis et Canada). Pendant ce temps, le musée océanographique de Monaco souffle sa troisième bougie (29 mars 1910).
En conclusion, une belle évocation graphique du parcours du «prince de la mer» agrémentée d’un excellent dossier historique de 10 pages à la fin du tome.
—–
Antoine Baronnet, pour Les Clionautes