Ayant dévoré les premiers Alix de Jacques Martin durant ma jeunesse, j’attends toujours beaucoup de chaque nouvel album qui parait encore aujourd’hui. Depuis une vingtaine de tomes, je dois bien reconnaître que je suis très souvent déçu, soit par les dessins, soit par le scenario … soit par les deux. Il me paraît lointain le temps de L’île maudite, de La griffe noire, des Légions perdues, du Dernier spartiate ou du Tombeau étrusque, des albums où les dessins méticuleux du maître Jacques Martin servaient merveilleusement bien un scenario enchaînant avec fluidité et à un rythme effréné les aventures sur un fond historique.
La très belle couverture signée Marc JaillouxMarc Jailloux a été l’assistant de Gilles Chaillet sur les séries La Dernière Prophétie et Vinci. Après avoir repris pour Casterman, dans Les Oracles, le personnage d’Orion créé par Jacques Martin il y a vingt ans, il prend en charge le dessin des aventures d’Alix à compter du tome 32, La Dernière conquête. m’a tout de suite plu. Simple et épurée, elle réussit à retranscrire l’univers de cette saga. L’amateur d’Alix ne pourra que reconnaître de dos l’ennemi juré de notre héros ! Puis, la lecture, de la première à la dernière page, a confirmé cette belle impression. C’est sans aucun doute, mais à mon humble avis, le meilleur album d’Alix depuis bien longtemps maintenant !
Roger SeiterRoger Seiter est né en 1955 à Strasbourg. Historien de formation, il travaille aujourd’hui comme conseiller principal d’éducation. Il commence son œuvre de scénariste pour Roussel en 1989, avec Après un si long hiver (éd. La nuée bleue). Puis il publie aux éditions Glénat, Simplissisimus avec Frédéric Pillot au dessin, et, en 1995, avec Vincent Bailly, aux éditions Delcourt, la série Coeur de Sang, dont le troisième album parait en janvier 1999. Chez Casterman, il publie les séries Fog, Dies Irae et H.M.S. s’essaye pour la première fois à l’écriture d’un album de la saga, quelle belle réussite ! Le contexte historique est particulièrement riche et intéressant. Le jeune (et le moins jeune) lecteur sera ainsi plongé dans le monde méditerranéen au temps de la guerre civile romaine entre César et Pompée à la veille de la célèbre bataille de Pharsale avec tout l’univers de la mythologie grecque en toile de fond. De Troie à Ithaque, Achille, Ulysse ou Agamemnon, personnages si chers à Homère, ont toute leur place dans cet album. Ce dernier produit un très bel effet chez les « habitués » d’Alix car il reprend avec talent et ingéniosité tous les ingrédients ayant fait le succès des premiers albums : aventure, suspens, combats, complot, …
Voici la présentation des éditions Casterman :
Sur l’île d’Ithaque, un navire accoste. Quelques hommes abordent le rivage ; à leur tête, Arbacès s’avance. Il découvre une amphore avec des parchemins. Ceux-ci indiquent l’emplacement de la tombe d’Achille. La légende raconte qu’en récupérant les armes du guerrier, chacun reconnaîtra un chef en son porteur. C’est pourquoi l’aventurier veut les retrouver pour que la Grèce se soulève enfin contre Rome. Alors que Pompée et César s’opposent en Thessalie, c’est peut-être le bon moment. De son côté, Alix, accompagné de son ami Enak, quitte l’Egypte, où ils résidaient jusqu’alors. En chemin, des hommes de César les retrouvent pour qu’ils aident ce dernier. César a eu vent d’un complot de Pompée. Arrivés en Grèce, les héros devront déjouer celui-ci et empêcher que le pays ne se soulève.
Pour finir, Marc Jailloux qui, lui, s’est déjà essayé sur les albums précédents, réussit à illustrer de manière très « classique » les personnages, les paysages et les édifices romains, grecs ou égyptiens. C’est ici un très beau compliment, il semble en effet être arrivé à un excellent niveau de maîtrise et les reconstitutions de la bibliothèque d’Alexandrie, des ruines du palais d’Agamemnon à Mycènes ou du sanctuaire d’Epidaure sont dignes des merveilleux dessins de Jacques Martin !
A titre personnel, je remercie Roger Seiter et Marc Jailloux de m’avoir replongé, le temps de cette lecture, dans cet univers si classique mais si savoureux de la bande dessinée historique ! Un bel hommage pour la série Alix, les premières planches étant publiées dans le Journal de Tintin il y a 75 ans maintenant. Une bande dessinée qui a donc toute sa place dans les établissements scolaires au service des professeurs documentalistes, de Lettres, d’Histoire-Géographie, d’Arts Plastiques et de leurs élèves ! Certaines planches peuvent aisément servir de support pour une étude avec la classe.
Pour feuilleter l’album :
https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/le-bouclier-dachille/9782203232785#&gid=1&pid=1
Pour les Clionautes, Armand Bruthiaux