Cette BD Ohio, la belle rivière, de Fred Duval pour le texte et Brada pour les illustrations, propose une immersion dans l’Amérique du Nord de la première moitié du XVIIIe siècle.
C’est le premier tome d’une œuvre en 3 volumes qui raconte une histoire humaine, dans le contexte brutale de la guerre, à la fois celle que se livrent Français et Anglais pour la conquête d’un territoire et le contrôle du commerce des peaux de castor et des Amérindiens entre eux, notamment les Iroquois et Algonquins.
Nous sommes dans la vallée de l’Ohio, à l’ouest des Appalaches dans la région du Haut-Ohio au sud du lac Érié, un territoire convoité par les deux puissances coloniales, dans le contexte de la guerre de Sept Ans. Le scénario mêle deux histoires : celle de la famille iroquoise de Loup blanc et Loutre de la nation Mohawks qui, refusant la décision de la tribu d’une alliance avec les Anglais, a choisi le départ vers le lac Ontario. La seconde est celle de Jacques de Lestac, alias Jacques Carabine, un Français, coureur de bois, trappeur, ancien pirate des Caraïbes qui depuis dix ans recherche sa femme et sa fille.
Les auteurs, très documentés, proposent une description pleine d’empathie pour les Amérindiens, pris dans une guerre qui n’est pas la leur. La leur, c’est l’opposition ancestrale entre Iroquois et AlgonquinsLes Iroquois sont tantôt nommés Haudenosaunee, Mohawks, leurs ennemis algonquins, sont tantôt nommés Hurons, ou Wendats. On aurait apprécié une note d’information pour le lecteur peu au fait de l’histoire du continent nord-américain. Sur leur opposition on pourra se reporter à l’ouvrage : Études multidisciplinaires sur les liens entre Hurons-Wendat et Iroquoiens du Saint-Laurent, Louis Lesage, Jean-François Richard, Alexandra Bedard-Daigle, Neha Gupta, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, un monde violent mais aussi respectueux de la vie. Les scènes de la vie quotidienne, tant dans le texte que dans le dessin rendent bien compte de leur culture : maison longue, culture associant les haricots, le maïs et la courge (les « Trois sœurs »), l’utilisation des plantes-médecine, mais aussi le rôle des femmes dans le groupe.
L’auteur a fait le choix d’un scénario complexe, avec des retours en arrière qui étoffent un récit, pas toujours très lisible. La BD se termine sur un suspense : la fille de Jacques, sauvée autrefois pour Loup Blanc, serait toujours en vie… À suivre !