Cette bande dessinée est une adaptation du roman de Thomas Reverdy. Il s’intéresse à un phénomène qui concerne 80 000 personnes par an au Japon et qu’on appelle « les évaporés ». Il s’agit de personnes qui partent de leur domicile sans donner d’explication. Isao Moutte est un auteur de BD franco-japonais qui a précédemment publié «  La trêve, chérie ». Il propose un roman graphique en noir et blanc  avec peu de texte.

Le phénomène

Kaze disparait un soir. Il a contacté quelqu’un qui vient le chercher chez lui et part avec seulement deux valises. Il arrive à Tokyo dans un quartier où vivent de nombreux travailleurs pauvres. Il a laissé une lettre à sa femme. Après quelques jours, elle finit par apprendre que son mari a été licencié de l’entreprise où il travaillait depuis très longtemps. Il a fait croire à ses collègues qu’il partait en vacances pour voir sa fille qui vit à Paris. Sur les 80 000 évaporés recensés chaque année, 70 000 sont finalement retrouvés. Le roman insiste sur le fait que c’est devenu un véritable business.

Le destin d’Akainu

Le roman propose aussi au lecteur de suivre en parallèle le destin d’Akainu, un jeune garçon qui a perdu les membres de sa famille lors du tsunami de 2011. Les deux personnages vont être amenés à se rencontrer et à partager un bout de chemin ensemble.

Yukiko

La fille de Kaze, Yukiko, est installée à Paris pour suivre des études d’art, mais elle doit aussi travailler comme serveuse pour se payer sa vie d’étudiante. Lorsqu’elle apprend par sa mère la disparition de son père, elle hésite d’abord à revenir. Pressée par sa mère, elle franchit le pas et rentre au Japon. Elle prend en mains la recherche de ce père évaporé en rencontrant des collègues de bureau. Elle poursuit sa quête en engageant un détective privé, Nozomi. Il est pleinement concerné par l’affaire car son propre frère a été un de ces « évaporés ».

Témoins embarrassants

L’histoire prend une nouvelle dimension lorsque les employeurs de Kaze croient qu’il a découvert les manipulations financières dans lesquelles ils trempent depuis des années. Les choses se compliquent donc pour lui. Il en est de même pour Akainu qui est le témoin involontaire du tabassage à mort de son logeur. Kaze et Akainu se rencontrent et le jeune homme devient l’employé du premier. Ils vivent de petits boulots, comme ramasser des chats morts ou débarrasser des maisons de personnes récemment décédées et qui n’ont pas de famille.

Reprendre sa vie en main

Kaze décide d’en savoir plus. Il contacte M Otomo et fait pression sur lui pour comprendre ce que son entreprise cache depuis des années. Il comprend alors qu’il s’occupait, sans le savoir, depuis des années, de transactions entre des banques et des groupes paravents. Ces derniers ont racheté des terrains après la catastrophe de Fukushima. Kaze revient vers Akainu et lui dit qu’il ne doit plus le suivre car il court un danger d’être avec lui. Le jeune garçon lui révèle qu’il fait fausse route et que c’est lui qui est recherché par la pègre locale en raison de son rôle de témoin dans l’assassinat du logeur.

Retour aux origines

Les deux décident alors de partir vers le nord du Japon, à la recherche notamment des traces des parents d’Akainu. Ils commencent de nouveaux petits boulots pour vivre. Un homme sur place les alerte sur les risques sanitaires qu’ils courent alors qu’ils se situent à 50 kilomètres de Fukushima. Celui-ci raconte alors son histoire, à savoir qu’il a perdu une très bonne situation au moment de la catastrophe. Une bonne nouvelle surgit au milieu de tant de détresse car Akaiku apprend que son père est finalement un survivant de la catastrophe.

Yukiko s’entête

La fille de Kaze ne se décourage et, grâce au détective privé, elle en apprend un peu plus sur ce qu’est devenu son père. Tous deux contactent un journaliste spécialiste de la question des évaporés. Le détective localise le père de Yukiko et va même l’observer dans un bar, mais n’intervient pas. Il transmet les informations à sa fille et le roman se termine ainsi.

Cette adaptation du roman de Thomas B Reverdy est très réussie, pleine de tact et, en même temps, elle aborde de nombreux aspects du Japon d’après la catastrophe. En suivant la quête de Yukiko, on découvre aussi une réalité très sombre du Japon.