Ce riche catalogue d’exposition est l’aboutissement d’un projet comme on les aime, un projet qui a duré deux ans, du printemps 2014 printemps 2016, véritable aventure humaine, où experts de rang international, étudiants et grand public ont marché ensemble pas à pas entre Tigre et Euphrate, en cette Mésopotamie antique, où vivaient Sumériens et Akkadiens.
Pour s’acheminer ana ziqquratim (« vers la ziggurat »), cette tour à étage, symbole de la Mésopotamie, comme la pyramide l’est pour l’Egypte, des séminaires interdisciplinaires ouverts à tous ont regroupé experts en archéologie proche-orientale et en archéologie expérimentale mais aussi spécialistes de l’architecture, de l’histoire de l’art, de la scénographie, du numérique, etc… balayant ainsi le champ des connaissances actuelles sur l’architecture sud mésopotamienne des bâtiments sur terrasse, temples et ziggurats.
Les plus anciens sont les temples c’est-à-dire les maisons dans lesquelles vivent les dieux lors de leur séjour sur terre, accompagné de leur famille et de leur entourage (ministres, serviteurs…). Grâce aux relevés, aux photographies anciennes ou récentes, des reconstitutions de ces temples ont été établies. Une des facettes important du projet a été la fabrication d’un ensemble de maquettes représentant des bâtiments mésopotamiens. Ce travail a été réalisé dans un atelier de la banlieue de Strasbourg. Ces maquettes permettent à tout un chacun d’appréhender rapidement la configuration des pièces. Et si l’on s’achemine peu à peu de ces temples à terrasse aux célèbres ziggurats. Très pédagogiquement, la hauteur de ces monuments est comparée avec des bâtiments actuels ou non, bien connus de tous telle la pyramide de Khéops, la tour Eiffel ou la tour al-Khalifah à Dubaï, etc…
Une réflexion a été menée sur les techniques de construction. En Mésopotamie, le matériau qu’il s’agisse de la terre, abondante en ce territoire où la pierre est si rare, ou du roseau, notamment dans la région des Ahwar (région qui vient d’être classée à l’Unesco au patrimoine de l’humanité en juillet 2016) située dans le sud de l’Irak, est périssable. C’est là l’entrée en scène de l’archéologie expérimentale. Des ateliers se sont déroulés durant l’année 2015 afin de retrouver les techniques anciennes et de valider ou non les hypothèses de recherche. Le roseau, la terre et l’eau se mêlent et permettent la construction des simples maisons aux palais et temples les plus luxueux. Tout est expliqué grâce à des croquis à la fois simples et précis. L’évolution architecturale de ces bâtiments à travers les millénaires est saisie grâce aux maquettes revêtues de couleurs chatoyantes car n’oublions pas que ces monuments, couleur ocre aujourd’hui, resplendissaient de bleu, rouge, jaune… Le décor subtil et raffiné est reconstitué grâce à l’étude des fresques et l’analyse des pigments utilisés. Grâce aux objets retrouvés confrontés aux autres documents les rites qui s’y déroulaient sont largement évoqués.
L’ouvrage se termine par la ziggurat de Babylone dont il ne reste que l’empreinte en négatif (celle de la tour et de l’escalier d’accès). Une idée assez précise peut cependant être esquissée grâce à sa représentation sur des stèles confrontée aux textes des tablettes. Elle qui, sous le nom de tour de Babel, a tant marqué les esprits, a tant influencé les arts et les lettres, est toujours présente !
Cet ouvrage est un livre scientifique mais aussi un livre pédagogique et surtout un beau livre ; alors, sans hésitation, sur la piste de Babel, hâtons-nous ana zigguratim (« vers la ziggurat ») !