Ces supports de moindre valeur mais de forte production sont marqués par une série de traits caractéristiques. Leur diversité est fondée sur le caractère régional des frappes et le plus souvent des zones de diffusion, ainsi que sur la personnalisation des monnayages à travers l’inscription sur les pièces du nom des chefs ou des notables qui battent monnaie. En revanche, le constat se dégage simultanément d’une relative uniformité des figures, à la symbolique assez stéréotypée dominée par le type iconographique associant buste/cheval. Si la créativité des graveurs semble moins sollicitée sur ces alliages, c’est qu’à l’exception des deniers en argent, assez finement traités, les ateliers monétaires gaulois pourvoient à la fabrication massive de billons, et surtout de potins, par la technique de la fonte à l’aide de moules au lieu de la frappe avec des coins. Le débit de la production est plus élevé, mais la qualité du faciès des pièces ainsi créées est plus fruste.L’évocation de leur déploiement monétaire est organisée sur un mode chronologique. La présentation de la période de la Gaule indépendante met l’accent sur les émissions des peuples de Bretagne (Aulerques, Vénètes, Redones, etc.), avant de dresser un tableau d’ensemble de la production du premier siècle avant notre ère, qui précède de peu, ou accompagne, la révolte gauloise contre César (et dont nombre d’exemplaires ont d’ailleurs été retrouvés sur le site d’Alésia). Puis la période de transition entre la conquête de la Gaule et son organisation administrative par Auguste voit croître l’influence artistique du style gréco-romain dans les émissions d’espèces organisées sous l’autorité de notables locaux ralliés en voie de romanisation. Les pièces qui sortent de ces ateliers bénéficient d’une circulation géographique croissante dans une Gaule unifiée dont le réseau routier s’améliore. Enfin, au sein de la Gaule augustéenne dorénavant ordonnée en provinces romaines, les ateliers publics (principalement ceux de Nîmes puis de Lyon) acquièrent le monopole d’émission. Une partie des monnaies impériales qui y sont frappées sont reconnaissables par leur face représentant le célèbre Autel des Trois Gaules.Sous un angle plus inattendu, Georges Depeyrot a l’excellente idée de présenter, en quelques pages assez passionnantes, la propagande monétaire césarienne qui célébra les victoires du proconsul et la conquête de la Gaule. Déployée à travers l’émission de pièces destinées à soutenir les ambitions politiques du vainqueur de Vercingétorix, cette thématique hagiographique étonnante et peu connue s’éteignit toutefois avec son inspirateur. Enfin, le tour d’horizon s’achève par un rapide panorama des monnaies celtiques extérieures à la Gaule. Les frappes des celtes orientaux reproduisant les tétradrachmes macédoniens et grecs en sont la matière principale, accompagnées des pièces émises en terre anglaise.
Comme pour le précédent volume, dont il reprend la composition graphique, on ne peut que se réjouir de la qualité visuelle de cet album à l’iconographie abondante et splendide. Superbement mis en valeur par la photographie, les détails des monnaies présentées permettent d’en comprendre aisément la description typologique. Le catalogue numismatique ainsi rassemblé est scrupuleusement accompagné de cartes de diffusion des différents types monétaires qui localisent leurs aires de circulation. Numismates avertis, historiens de l’antiquité et amateurs d’histoire gauloise trouveront à coup sûr un bel outil à leur disposition en s’appuyant sur ce travail de référence.
© Guillaume Lévêque