Voilà une injonction qui va nous plaire ! Le périurbain a bien besoin qu’on lui redore son image car les médias (Télérama Halte à la France moche, février 2010 et Loin des villes, un rêve qui tourne au cauchemar, août 2012, Le Monde Le Français cet homo periurbanus, juin 2012 ou Libération, Le FN des champs, avril 2012) ne l’ont pas épargné ces derniers temps. A les lire, ce périurbain « cauchemardesque » est rendu responsable de tous les maux de la société (réchauffement climatique, déficit démocratique, déliquescence sociale, individualisme, …) alors qu’il n’en est rien ou du moins les choses ne sont pas si graves que cela.

Sort donc cet automne le second volume du Forum Vies Mobiles qui fait suite au colloque organisé à Paris en janvier 2013 autour de la thématique : Des mobilités durables dans le périurbain est-ce possible ? Placé sous la direction scientifique de Lionel Rougé, maître de conférences en géographie à Caen, ce colloque avait réuni à la Maison Rouge pendant deux jours les VIP du périurbain. Les débats menés par Sylvain Kahn se déroulaient dans un espace digne d’un plateau de télévision (ils ont d’ailleurs été intégralement filmés et sont disponibles sur le site du Forum). Aussi, ce volume est l’album souvenir du colloque. C’est un bel objet, richement illustré par les travaux des artistes qui tenaient une place majeure dans l’événement. Le plan du livre reprend le déroulé du colloque. Les différentes parties sont enrichies de nombreux documents iconographiques : documents projetés lors du colloque mais aussi des gros plans sur des travaux de chercheurs, des interviews d’acteurs.

Toutefois, les textes des intervenants ne sont pas reproduits, comme cela est l’usage pour des actes de colloques. Ce sont les comptes rendus des interventions qui sont publiés. Les textes sont à la troisième personne (cela donne « Machin dit que »). On a l’impression de lire les notes de quelqu’un qui aurait assisté au colloque. D’ailleurs, pour qui y a assisté, une étrangeté est à soulever ! A aucun moment de ce grand colloque, il n’a été question de changer l’appellation périurbain. Et pourtant ! La seconde moitié du livre adopte l’appellation de rurbain. C’est la revanche de Jean-Michel Roux et de Gérard Bauer (La rurbanisation, la ville éparpillée. 1976) ! C’est la réponse du Forum à la multiplicité des espaces périurbains et des appellations : « de l’entre-deux-villes (ou « zwischenstadt »), ville diffuse (ou cita diffusa), en passant par l’hypo-urbain, l’infra-urbain, le suburbain, la ville émergente, les franges urbaines ou métropolitaines, les fronts pionniers, le périurbain, le périrural, voire les villages périurbains… » (p. 40), au nom de l’inversion de regards. Etonnant ! J’y étais et je n’ai pas perçu cette inversion !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes