D’ailleurs, nul n’ignore, au Japon, que les geishas sont issues des familles les plus pauvres et pour cela elles se doivent d’être la personnification de la perfection.
Racontée à la première personne sous la forme d’un journal intime, ce livre nous fait donc vivre le quotidien d’Ayami, de ses premières années en tant que shikomiko, c’est-à-dire petite domestique cantonnée aux tâches ménagères, à ses premiers cours d’écriture et de lecture, puis d’ikebana, de danse des éventails, de musique qui la conduiront à devenir maïko, apprentie geisha à l’âge de 15 ans. Elle prendra alors le nom de Mitsuko et sous la direction d’une grande sœur, une maïko confirmée, elle découvrira le monde très codifié des geishas où chaque mouvement a une signification particulière, où préparer le thé est un art, où porter les 20 kilos du kimono et les neufs ceintures de l’obi est une tradition ancestrale, où il lui faudra désormais dormir la tête posée sur un appuie-nuque pour ne pas aplatir le chignon (d’ailleurs pour éviter que Mitsuko ne pose la tête sur l’oreiller, Okâsan pose des petits cailloux pointus tout autour…)….Le couronnement de tous ses sacrifices ? Devenir une œuvre d’art vivante : une geisha …. Mais les sacrifices ne seront pas terminés pour autant, il lui faudra ensuite travailler de longues années afin de rembourser la maîtresse qui lui a donné son éducation….
Mitsuko ne se découragera jamais et montrera de réels dons. Elle rédigera son journal en 1923, année non choisie au hasard par l’auteur, c’est en effet l’année du tremblement de terre qui détruisit Tokyo et causa plus de 200 000 morts. Mitsuko partira alors à la recherche de sa famille. Ses parents décédés, elle retrouvera par hasard sa petite sœur toujours vivante qu’elle ramènera à l’okiya afin qu’elle aussi,à son tour, suive l’apprentissage pour devenir geisha.
Ce livre, de la collection «Mon histoire » est bien écrit, se lit facilement. Les descriptions sont précises, bien documentées. On apprend beaucoup sur le Japon des années 20 à travers les yeux de Mitsuko. Sa curiosité nous amène à découvrir la ville de Tokyo, les relations avec les Occidentaux, la volonté de perpétuer les traditions ancestrales. Beaucoup de termes japonais sont utilisés, un petit glossaire les explique à la fin de l’ouvrage mais la plupart d’entre -eux sont explicités dans le récit. On peut même faire le lien avec des termes utilisés aujourd’hui comme par exemple les poupées kokeshi, collectionnées par beaucoup. Peu savent qu’à l’origine, lorsque les familles de paysans ne pouvant élever une fille, tuaient leur enfant, elles fabriquaient une de ces poupées en mémoire de l’enfant disparue.
L’ouvrage se conclut par un dossier sur l’histoire des femmes japonaises, pour permettre au lecteur d’aller plus loin. L’aspect journal intime est bien présent avec un effort sur le choix du papier et l’effet coupe – papier sur la tranche.
Plutôt destiné aux lectrices, fin cycle 3, collège, voilà un ouvrage à recommander pour découvrir la vie d’une jeune fille, ses rêves, ses difficultés, sa vie quotidienne dans un autre pays et à une autre époque !