Arte vidéo – Réunion des musées nationaux – Les films d’ici
Architectures
Volume 6. Arte éditions. Septembre 2009.
Cette série de six films balaye différents « temps » de l’architecture. De la pyramide de Djoser à Saqqarah à l’hôtel Royal de Copenhague, ce sont autant de trajectoires architecturales qui sont ici présentées. La question que nous nous sommes posée pour présenter ce DVD est de savoir l’usage qui peut en être fait dans une classe de lycée ou de collège.
On pourrait cependant se demander quelle étrange logique a guidé les concepteurs de ce DVD qui présentent dans le désordre chronologique les différentes réalisations.
Un film de Stan Neumann
Architecte Imhotep
2700 av. NE La pyramide de Djoser. Le film ouvre sur un très pertinent commentaire présentant le cadre historique et la position de ce domaine des morts, le désert, opposé au fleuve et à ses abords, terre des vivants.
C’est la photo aérienne qui révèle l’ampleur du système de Saqqarah dont la pyramide est le centre. Ce sont autant de constructions aujourd’hui révélées qui sont alors livrées à l’étude des égyptologues qui sont alors présentées avec de très belles reconstitutions.
Djoser, fondateur de la IIIe dynastie et Imhotep l’architecte.
Cette pyramide ne s’est pas faite d’un coup. On est parti d’un mastaba et peu à peu, Imhotep construit des niveaux successifs pour atteindre les cinq degrés et 60 mètres de hauteur. La pyramide est en pierre taillée contrairement aux mastabas de brique.
Les pierres sont assemblées en murs successifs, avec de petits blocs. Recouverte de parements de calcaire blanc, elle a servi de carrière à toutes les civilisations suivantes.
La pyramide de Dachour, dite tromboïde succède à ce modèle « raté » avant de donner la pyramide classique.
A 28 mètres de profondeur, on trouve alors un réseau de galeries pour les deux tombeaux du pharaon. L’extérieur du tombeau est également présenté à partir de reconstitutions en trois dimensions qui permettent de comprendre l’organisation de la construction.
Elle est en effet immense et ne se limite pas à cette pyramide que les touristes pressés photographient dès leur descente de l’autobus. 25 chapelles, deux cours, des accès en chicane, une reconstitution de la muraille de Memphis, tel est ce site qui est en fait un décor de théâtre, puisque les façades suffisent à représenter le monde du pharaon mort, de la même façon que dans le monde des vivants.
On comprend alors l’intérêt de cette production qui ne saurait se limiter à une seule utilisation Sen sixième, de plus en plus réduite dans les nouveaux programmes. On peut parfaitement imaginer une utilisation pour présenter l’univers mental d’une civilisation, et on pourrait alors en promouvoir l’usage en philosophie tant le rapport à la mort et au vivant est omniprésent dans la démarche de l’architecte.
C’est à Saqqarah aussi que l’on a mis au point la colonne, une réalisation évidente et pourtant fondamentale dans ce qu’elle traduit comme innovation technique. Au troisième millénaire l’architecte se fait virtuose, avec ce mur courbe parfait et ces jeux de piliers avec le soleil.
La mosquée royale d’Ispahan Architecte Ali Akbar Ustad
Film de Richard Copans
Ce film retrace Chavas Ier qui fait de l’islam chiite la religion de l’état. Il est un buveur de vin comme en témoigne une représentation de l’époque. 1602.
Ispahan est une ville royale, organisée à partir d’une grande place. Mosquée privée du shah et la mosquée publique, avec quatre minarets. Quatre monuments reliés met en scène les différents pouvoirs. Palais royal et mosquée bordée d’arcades. Décor de mosaïques bleues florales. Zone de transition entre monde séculier et foi.
Salle des ablutions
Plan de cour à 4 Iwan, façades rectangulaires inspirées des palais.
Salle sous la coupole. 23 m + deux autres. Hommes et femmes. Niches latérales appelées Madrasas. Pas de clôture et de fermetures.
Direction de la Mecque. Kibla mur Minhrab niche , mimbar escalier
Fosse, direction de la Mecque.
20000 personnes accueillies le vendredi…
Arrière du bâtiment sans décors et en brique ocre. Ablutions brique vernissées. Place intermédiaire. Pierre rare. Utilisée pour les colonnes. Assemblage en plomb, anti sismique.
Forme unique, arc persan ou en tiers point. Deux courbes qui culminent en pointe. Construction sur bâti bois. Création locale la trompe d’angle transforme la salle en octogone et répartit les efforts…
Bulbe 52 mètres mais la salle est en dessous de 14 mètres. Acoustique recherchée…
Chaque Iwan est unique. L’architecte ne cherche qu’à se rapprocher de la symétrie parfaite
chaleur.
Dimensions de la mosquée calculée à partir de l’eau au centre.
La mosquée jardin pétrifié à l’image de l’Eden décrit dans le Coran. Harmonies colorées et entrelacs végétaux avec des usages d’oxydes de cuivre et de cobalt. Mosaïque au départ faïences ensuite. Les couleurs cuisent à des niveaux de températures différents.
Madrassah, écriture géométrique avec noms des prophètes de l’Islam chiite que l’on retrouve sur les minarets. Ecriture mystique avec les 7 cités de Dieu, volutes spécifiques pour les mondes de la Création. Minéral, végétal et animal.
Ce film sera bien venu pour présenter l’Iran trop souvent confondu avec des mollahs intégristes. La mosquée bleue regorge d’inventivité. Bientôt fermée au culte pour des raisons de place, elle sera simplement livrée aux visiteurs…
Avec la chocolaterie Menier à Noisielles architectes Jules Saunier Lostre et Sauvestre
Chocolat, produit de luxe au XV. De consommation courante au XIXe.
Avec la diffusion du produit, le broyage animal est remplacé par le
1825 Pharmacien Menier achète un moulin à eau sur la Marne. 1872 nouveau bâtiment.
Sur la Marne, trois turbines de chute ; Matériau nouveau, le fer déjà utilisé depuis dix ans. Premier bâtiment au monde à charpente métallique.
Ici aussi, une reconstitution en trois dimensions vient présenter la construction et la pose des poteaux de tôle. Plancher suspendu pour libérer l’étage des structures au sol. Performances structurelles. Bâtiment systématique, bâtiment machine. Organisation interne mais à l’extérieur utilisation du fer en décor. Pose de plat et de champ. Brique apparente comme décor. Montrer l’esthétique fonctionnelle. Roues dentées et décors de feuilles de cacao. Décor à la pointe de la modernité. La céramique est la peinture des monuments. Investissement publicitaire aussi. L’architecture au service de l’image d’une marique. A côté de l’usine, habitat ouvrier, cité modèle, habitat individuel. Ses successeurs continuent mais passent à la publicité comme les gadgets. 1882, nouveaux bâtiments refroidisseurs fer et brique. Attribuée à Eiffel mais Jules Losgres.
Présentation des techniques, portées et lumière. Encadrements néogothiques le métal est un matériau noble, comme la pierre. Arabesques d’arcs brisés.
Espace rationnel étonnant. Réseau de rails étroits pour les wagonnets. Site raccordé au réseau de chemin de fer. 30 après le moulin Menier 1908, nouvelle chocolaterie, appelée la cathédrale. Passage au béton. 1200 pieux de béton pour atteindre la roche dure. L’architecte est Stephen Sauvestre. Palais de l’industrie et de la bourgeoisie industrielle. Sobre et monumental. Décor intérieur soigné. Mise en scène de la production, tout à fait imposante aussi. Piliers de fonte en décor…
Le nouveau bâtiment impose un nouveau trajet. On contruit un pont de 44,50 metres d’une seule volée. Le va et vient est un échec. La cathédrale est surdimensionnée et ne tourne qu’à 50 % de ses capacités. La domination des Menier a duré jusque dans les années trente avant de décliner. La crise de 29 marque le début du déclin avant la mort dans les années soixante.
On pourra utiliser avec profit ce film en première (dans les programmes actuels,) mais aussi en histoire de l’art ou en philosophie. Illustration d’une conception du monde où l’esthétique rejoint l’harmonie productive, cette ode architecturale s’inscrit dans une démarche où le souci des capitaines d’industrie ne se limitait pas à l’affichage de bilans flatteurs, même si ces derniers étaient indispensables à l’engagement de telles dépenses qui n’étaient pas seulement somptuaires…