Thomas Geve
Il n’y a pas d’enfants ici
Dessin d’un enfant survivant des camps de concentration
ECPAD 2009
Témoignage étonnant que cette description commentée des 79 dessins de cet enfant déporté avec sa mère à Auschwitz et qui est ensuite envoyé à Gross Rosen avant de terminer sa période concentrationnaire à Buchenwald. Le camp a été libéré le 11 avril 1945. Trop faible pour être évacué, cet enfant qui n’aurait pas dû survivre puisqu’il est arrivé à 13 ans, et que les SS exterminaient les déportés en dessous de 15 ans, va passer un mois à dessiner ce qu’il a vu. Le caractère méthodique, scrupuleux de précision de ces dessins, parfaitement organisés en font un document très précieux sur le quotidien des déportés.
Les scènes comme le travail, la nourriture, les soins aux déportés, sont toutes représentées comme un story board décrivant ce qui pourrait être un documentaire filmé sur l’univers concentrationnaire. Même la classification des déportés est relatée, avec un dessin très précis des différents insignes qui permettaient de différencier les poltiques des autres déportés. Si l’on distingue des témoins de Jéhovah, dont les femmes, maîtresses de maisons exemplaires, devenaient les gouvernantes des SS, pourquoi ne pas avoir éviquer les hommes au triangle rose, les homosexuels ?
Alors sur le fond comment parler de ce film ? Sans doute pourra-t-on utiliser cette réalisation en support d’un récit ? Mais ce serait la pire des choses sans doute. Le récit est devenu le support d’une idéologie, celle de l’immédiateté sans recul. C’est sans doute ici que ce film trouve ses limites. En dehors d’une réalisation qui est mal pensée, la voix du commentaire peut très vite susciter l’ennui. Un récit sans analyse, sans questionnement pourrait conduire à l’émotionnel et au bout du compte se révéler contre productif.
On aurait pu utiliser autrement ce remarquable document: Associer à des images d’archives sur la réalité des camps qui auraient pu entrecouper cette présentation des dessins aurait été une bien meilleure option.
La seconde partie du film est consacrée au recueil de témoignages de déportés qui viennent confirmer les scènes des dessins de Thomas Geve.
On pourra également trouver dans ce film des références à la solidarité
humaine, témoignage unique qui devrait permettre en éducation civique de mettre en exergue des valeurs que l’on ne met plus souvent en avant en dehors su charity business télévisuel.
Ce que l’on soulignera ici, au-delà de cette chronique qui peut apparaître comme assez critique, c’est la capacité de l’ECPAD à produire des documents facilement accessibles. On aimerait que d’autres institutions dont les tarifs semblent plus adaptés au monde de l’entreprise qu »à celui de l’éducation fassent de même…
Bruno Modica