Ce nouvel atlas centré sur l’Amérique précolombienne, dirigé par Brigitte Faugère, historienne spécialisée en Mésoamérique, et Nicolas Goepfert, archéologue et directeur de recherche au CNRS, constitue une mise à jour riche et ambitieuse d’un ouvrage de référence initialement paru en 2017. Sa seconde édition, entièrement révisée et enrichie pour 2025, s’inscrit dans la continuité d’un travail scientifique rigoureux, alliant clarté pédagogique et exigence académique.

La cartographie a été confiée à Aurélie Boissière, dont le travail est remarquable par sa précision, sa lisibilité et son sens de la mise en valeur des données complexes. Elle signe ici une œuvre aussi esthétique que fonctionnelle, rendant chaque carte accessible, parlante et précieuse pour la compréhension des réalités géographiques et historiques de ces civilisations.

Résumé

L’atlas s’organise en trois grandes parties géographiques, structurant le propos selon les aires culturelles majeures des Amériques précolombiennes :
• La Mésoamérique (Mexique, Guatemala, Belize…), territoire des Olmèques, Zapotèques, Mixtèques, Mayas et Aztèques, entre autres.
• Les Andes, avec un développement consacré à la civilisation inca mais aussi aux cultures antérieures souvent méconnues (Nazca, Moche, Chavín…).
• Les autres sociétés amérindiennes, de l’Arctique à la Terre de Feu, incluant les peuples de l’Amazonie, des Grandes Plaines, des Caraïbes ou encore les civilisations du Mississipi.

Au total, plus de 120 documents (cartes, plans, frises chronologiques, illustrations, infographies) permettent de visualiser et comprendre les dynamiques spatiales et temporelles de ces sociétés : leurs réseaux d’échange, leurs centres urbains, leurs formes de pouvoir, les logiques agricoles, religieuses ou guerrières qui les structurent.

Chaque double page est composée d’un texte synthétique mais rigoureux, accompagné d’une ou plusieurs cartes ou documents. Les textes sont volontairement concis, mais denses, et permettent d’aller à l’essentiel tout en ouvrant des pistes de réflexion ou d’approfondissement grâce à une bibliographie finale richement fournie.

Mon analyse

Ce qui frappe d’abord dans cette édition, c’est la qualité visuelle de l’ensemble. Les cartes d’Aurélie Boissière sont non seulement belles, mais surtout d’une grande clarté. La cartographie, souvent le point faible de ce type d’ouvrage, est ici un point fort. Elle permet de visualiser avec finesse la densité urbaine des vallées mésoaméricaines, les routes incas dans la cordillère, les réseaux fluviaux de l’Amazonie, ou encore les grandes zones d’influence culturelles.

L’approche de l’atlas est décloisonnée : on y lit aussi bien l’histoire politique que les mouvements de population, les échanges culturels, les évolutions agricoles ou encore les pratiques rituelles. Cela donne une image vivante et complexe des civilisations précolombiennes, bien loin des clichés simplificateurs. On sent le souci de faire comprendre les logiques internes de ces sociétés, avant et au moment de la rencontre (ou du choc) avec les Européens.

Enfin, la structure du livre permet une lecture fluide, selon les besoins ou les intérêts du lecteur. Chaque chapitre fonctionne comme une entrée indépendante. Les enseignants y trouveront des dossiers parfaitement exploitables en classe, à la fois pour le cycle 4 que pour le lycée (spécialité ou tronc commun).

Conclusion : une ressource indispensable pour les enseignants

Cet atlas est une mine d’or pour les professeurs d’histoire-géographie. Il permet :
• De remettre en question les visions européo-centrées de l’histoire mondiale.
• D’illustrer et enrichir les séquences sur les civilisations précolombiennes en 5e ou en lycée.
• De proposer des documents visuels riches et contextualisés, facilement utilisables pour des études de cas, des activités de localisation, ou des dossiers documentaires.
• De préparer des séquences interdisciplinaires, notamment en lien avec les arts ou la géographie culturelle.

Accessible tout en restant rigoureux, l’Atlas de l’Amérique précolombienne s’adresse autant aux spécialistes qu’aux curieux, et plus particulièrement à ceux qui souhaitent transmettre une histoire du monde non occidentalo-centrée, nourrie par les apports de l’archéologie et des sciences humaines.

En résumé : Un outil de travail, de lecture et de transmission d’une grande qualité, à recommander sans réserve dans toute salle des profs !