Cet atlas de format carré est présenté en huit chapitres complétés d’une bibliographie, un index et une liste des acronymes.

Les auteurs : François Gemenne est spécialiste en géopolitique de l’environnement, chercheur en science politique à l’université de Liège (CEDEM) et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (CEARC), et chercheur associé au CERI au Médialab de Sciences Po.

Aleksandar Rankovic est docteur en écologie et diplômé en affaires internationales, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et enseigne à Sciences Po.

Ils sont aidés dans la conception de cet ouvrage par l’Atelier de cartographie de Sciences Po : Thomas Ansart, Benoit Martin, Patrice Mitrano et Antoine Rio.

Dans sa préface Jan Zalasiewicz, professeur de géologie à l’Université de Leicester, définit le terme d’Anthropocène : temps de transformation de la planète par la longue histoire humaine, un phénomène complexe dont la datation est un sujet de réflexion.

Dans l’introduction les auteurs rappellent que l’interrogation sur le devenir de notre monde commence en 1972 avec la publication de The limits to growth1 et le premier sommet de l’environnement sous l’égide de l’ONU à Stockholm.

Notre époque, l’Anthropocène

Ce premier chapitre définit le terme depuis une brève histoire longue de la terre jusqu’à la grande accélération des années 50 avec un graphique très parlant (p.23).
Les auteurs définissent l’Anthropocène comme le moment où le modèle de développement de nos sociétés est remis en cause
(chronogramme des rapports, sommets… p. 26).

Après ce premier chapitre d’introduction, les suivant mettent l’accent sur un phénomène. Dans chaque chapitre une première double page présente le thème et est suivie de doubles pages plus spécifiques avec textes, graphiques, cartes.

Ozone

Ce premier sujet montre un phénomène planétaire qui a conduit à des accords internationaux (Protocole de Montréal, 1987).

Climat

De la croissance des émissions de GES aux prévisions de hausse des températures par le GIEC, de fonte des glaces, de montée du niveau de la mer et aux défis sanitaire et migratoire. A noter l’intéressante mis en débat de la relation environnement-conflits.

Biodiversité

Ce chapitre aborde la notion de sixième extinction de masse, présente l’agriculture comme élément d’une terre industriellement cultivée (mais la carte ne montre qu’une partie de la France). Sont traités les thèmes de la déforestation, des activités maritimes et de la pêche industrielle, mais aussi le cas des espèces envahissantes et des espèces menacées avec un nouvel indicateur, l’indice planète vivante (IPV).

Pollutions

A la fois constat de dégâts irréversibles et d’un fossé Nord-Sud, les doubles pages thématiques traitent des déchets en tout genre (à noter le schéma qui croise mode d’élimination et revenu annuel par habitant), le continent plastique, la pollution de l’air, phénomène mondial, une image classique de la pollution lumineuse (mais peu lisible du fait du choix de la mise en page), les marées noires. Les substances perturbantes sont traitées, les auteurs rappellent l’absence de consensus scientifique à ce propos et le vide législatif.

Les risques industriels sont présentés avec un chronogramme très parlant même si on peut s’interroger sur la validité des chiffres retenus pour le début du XXe siècle. Enfin la pollution des sols est vu à travers le prisme des pesticides.

Démographie

Une question est posée : trop d’humains ? Le texte de synthèse a le mérite de poser la question de la démographie en rapport avec la pollution émise.

Planète surpeuplée, modes de vie, empreinte carbone du secteur des transports (hélas les chiffres datent de 2016 – mais intéressante comparaison de cette empreinte sur le trajet Paris-Berlin en fonction du mode de transport choisi), consommation de viande et sa croissance exponentielle dès qu’un pays se développe et enfin des villes comme épicentre de l’Anthropocène.

Politiques de l’Anthropocène

Le chapitre commence par un utile chronogramme des accords internationaux depuis 1971 avant de montrer le rôle du GIEC et de l’IPBES. Le climatoscpticisme est abordé avec un point focal sur les industries fossiles.

L’Anthropocène, et maintenant ?

Une conclusion qui insiste sur la nécessaire mobilisation pour trouver des solutions qui ne sauraient être faciles.

Malgré quelques défauts : la recherche d’une présentation très actuelle rend certains graphiques ou cartes peu lisibles, de conception trop complexe, des schémas systémiques souvent obscurs (p. 81, 99), cet atlas a l’immense mérite de réunir une masse d’informations actualisées, d’en proposer de nombreux graphiques et cartes.

1Plus connu sous son titre français Halte à la croissance ou encore de « Rapport Meadows »