Architecte incontournable dans le domaine du paysage, Caroline Mollie signe ici une nouvelle version de son ouvrage « Des arbres dans la ville » dont la première édition de 2010 est désormais épuisée.

On comprend l’engouement envers l’opus tant son contenu est riche et sa mise en page agréable.

Ce qui ressort de la lecture, c’est principalement le caractère ambivalent de la relation que l’homme peut avoir avec l’arbre, un « je t’aime, moi non plus » en somme. On le dit parfois toxique, encombrant, coûteux à l’entretien mais on le désire plus que tout en voulant qu’il pousse vite, n’importe où, en l’élaguant brutalement quand il devient trop imposant, en le déplaçant pour l’exhiber, en le contraignant pour le maîtriser.

Plusieurs angles d’attaque sont contenus dans cet ouvrage qui répond tant à la micro échelle de l’arboriste élagueur (choix des terres, types de coupes…) qu’à la macro échelle de l’aménageur qui lira les rythmes, les colonisations, les placements (ordonnancés ou aléatoires), le jeu des volumes et des hauteurs…pour en arriver peut-être à l’usage d’une intéressante typologie sur « l’architecture des plantes » (p 71-72) utilisée par plusieurs laboratoires de botanique : les arbres y sont identifiés comme « non conformistes », « paresseux », « besogneux »…

L’historien sera satisfait de lire une évolution des plantations à travers les âges, selon les modes, selon les épidémies également (cas de l’orme notamment, remplacé par les marronniers et platanes). A plus large échelle que celle de la ville, le géographe lui verra la répartition des espèces par variantes régionales (tilleul au nord, olivier et micocoulier au sud…), répartition bouleversée par l’introduction de variétés exotiques.

Le lecteur sera sensible à la poésie d’un vocabulaire botanique peu habituel (« saxifrages », « joubarbes », « orpins », sarmenteuses ») …mais également à celui des espaces de la ville  (« venelles », « esplanades », « mails », « sentes »…).

Il sera également conquis par la foisonnante collection de photos qui retracent les réussites et aberrations des choix d’aménageurs et ce, d’autant plus qu’il s’agit d’une réédition permettant des comparaisons directes de lieux entre deux dates (voire parfois davantage).

Ce qu’il faut retenir de cet ouvrage, c’est finalement de dépasser la simple vision esthétique de l’arbre et de la végétation en général. Une ingénierie du paysage, en élaboration, est à développer, notamment dans une optique de développement durable (entre autres en considérant les modifications entraîneraient la hausse des températures).

Une magnifique incursion dans le monde de la nature en ville qui pourra servir nos programmes scolaires notamment le volet de CM2 explicitement consacré à la question.