La 4ème édition de cet atlas des énergies mondiales « fait le point sur les techniques, l’économie, la géopolitique de l’énergie. Elle présente les actions à mettre en œuvre pour faire de l’énergie un facteur de développement plus équitable et plus respectueux de l’environnement ». Elle est rédigée par Bertrand Barré, professeur émérite à l’Institut national des science et techniques nucléaires et Bernadette Mérenne-Schoumaker, professeur émérite à l’université de Liège. Anne Bailly, géographe-cartographe, a réalisé les cartes de cet atlas.
Le titre de l’introduction rédigée par Bertrand Barré pose les bases : » L’énergie, c’est la vie ! ». Elle sert à l’alimentation, au chauffage, à l’éclairage, la construction, l’industrie, les transports, les communications, les loisirs,…à la plupart de nos besoins (même quotidiens). La production et la consommation d’énergies ne cessent d’augmenter, notamment dans les régions qui accèdent au développement. En même temps, la COP 21, qui s’est déroulée à Paris, a débouché sur le consensus de la nécessité d’agir contre le dérèglement climatique, faisant de la gestion des énergies un enjeu primordial. L’organisation et la progression choisies pour cet atlas des énergies sont révélatrices de ce dilemme. Celui-ci est divisé en 5 parties :
1. Une consommation énergétique contrainte : La consommation d’énergie a plus que doublé depuis 1973. Mais les inégalités sont importantes entre un Américain du Nord qui dispose de plus de 7 tep/an et un Africain qui doit survivre avec seulement 0,67 tep/an en moyenne. Aujourd’hui, plus d’1 milliard d’habitants n’a pas accès à l’électricité (55% des Africains).
2. Les grandes énergies traditionnelles : Le mix énergétique mondial est très majoritairement dominé par les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz et nucléaire), dites de stock, ce qui pose à la fois la question des réserves et des impacts environnementaux.
3. Les énergies renouvelables au cœur de la transition énergétique : La question se pose de leur substitution par des énergies renouvelables (biomasse, hydraulique, éolien, solaire, géothermie,…), dites de flux. Pour l’instant, elles ne paraissent pas compétitives économiquement car coûteuses et complexes à mettre en œuvre.
4. Géopolitique de l’énergie : Les ressources énergétiques sont inégalement réparties. Les échanges entre pays producteurs et consommateurs peuvent être sources de tensions voire même de conflits. Le pétrole et le gaz sont devenus des éléments de puissance, comme le prouve le conflit russo-ukrainien ou les conflits pour le contrôle des ressources en mer de Chine orientale. La sécurité des approvisionnements est devenue en élément primordial, nécessitant parfois des coopérations internationales.
5. Le temps de l’action : Le problème énergétique est multidimensionnel. Il nécessite des actions technologiques, mais aussi comportementales, politiques et sociales pour faire de l’énergie un facteur de développement plus équitable et plus respectueux de l’environnement. Il s’agit à la fois d’accroître l’efficacité énergétique, de diversifier les ressources, d’aménager les territoires pour modifier les mobilités et d’influencer les modes de consommation individuels.
Bernadette Mérenne-Schoumaker insiste dans la conclusion générale sur l’articulation entre le global et le local. L’enjeu énergétique doit se poser à l’échelle mondiale. Les accidents nucléaires ou les marées noires se connaissent pas les frontières. Pourtant, les bonnes pratiques énergétiques se jouent le plus souvent aux échelles locales. Ces emboîtements d’échelle doivent donc être envisagés pour aller vers un développement plus égalitaire, plus propre, plus durable.
Les nombreuses cartes, dont on regrettera parfois les légendes un peu trop simples, les tableaux, les graphiques et les schémas de cet atlas seront très certainement utiles pour illustrer les cours sur l’énergie en classe de 5ème et de 2nde. Les textes sont également précis et fournissent des données précises et actualisées. En somme, une mise au point problématisée, très accessible et efficace.