C’est en 2015 qu’est publié le premier « Atlas mondial des femmes » sous la même direction que ce nouvel opus. Le précédent s’inscrivait dans une évolution qui se voulait progressiste depuis la dernière conférence mondiale des femmes, sous l’égide de l’ONU, à Beijing en 1995. Hillary Clinton y avait déclaré que « Les droits des femmes sont des droits humains« . Trente ans plus tard, qu’en est-il aujourd’hui ? Cette édition renouvelée d’un atlas devenu incontournable pose en sous-titre une question : « un recul des inégalités ? ».
Comme toujours dans cette remarquable et riche collection, toutes les nuances de réponse peuvent être apportées à cette interrogation qui fait encore plus sens alors que des femmes sont réduites au silence par la volonté des dirigeants afghans et que dans l’une des plus grandes démocraties de la planète, l’élection récente d’un nouveau président fait craindre des temps difficiles pour les états-uniennes.
Disposer de son corps
La masculinisation de la population mondiale est une réalité qui naît de la surreprésentation des hommes et révèle immédiatement la place moindre accordée aux filles sur le continent asiatique alors que, paradoxalement, le vieillissement général repose sur l’allongement de l’espérance de vie féminine. Si les progrès médicaux ont permis tout à la fois de recourir à l’IVG et de donner la vie en diminuant les risques pour la santé des femmes, si les gouvernements semblent permettent de plus en plus aux femmes de disposer de leur propre corps, des revirements législatifs montrent clairement que le chemin est long à parcourir pour toutes. Des millions de femmes subissent encore des violences de genre sur tous les continents même si, fait notable, la pratique de l’excision recule où triomphe l’action combinée de la législation et de l’éducation.
Sphère privée
Cette partie entre dans l’intime de la vie sexuelle, du couple et de ses nouvelles formes. Elle permet de mesurer une réelle évolution positive et d’établir des distinctions selon les continents ou la pression sociale qui peut s’exercer par exemple sur les jeunes femmes pour leur mariage et l’âge au premier enfant. La diversité des pratiques sexuelles, leur prolongation à un âge plus ou moins avancé, l’information délivrée aux jeunes, l’arrivée dans la sphère publique des minorités sexuelles – majoritairement féminines – permettent de mettre en valeur des progrès dans le monde. Mais les nuances ne manquent pas face à la charge mentale dans le foyer par exemple. Une place spécifique est accordée au monde occidental, au continent européen et plus particulièrement à la France dans ce chapitre qui repose, comme tout cet atlas, sur de vastes données statistiques.
Espaces publics
Les stéréotypes genrés sont encore une réalité dans une très grande partie du monde aussi bien dans le domaine du sport que dans celui de l’accès aux études scientifiques alors que les pratiques du champ culturel – y compris dans le cadre des pratiques religieuses – relèvent davantage de choix féminins. L’idéal physique – mais fixé par qui ? – de la minceur, l’image véhiculée aussi bien à la télévision avec les séries qu’au cinéma rencontre des difficultés à mettre à mal une situation ancienne. C’est dans le cadre de l’emploi, de la rémunération et de la scolarisation que de vastes écarts homme-femme restent à combler, mais aussi entre femmes suivant le niveau social et le territoire de vie.
Inégalités et luttes
La dernière partie de l’atlas est consacrée aux mouvements et aux législations qui ont fait avancer la situation dans le monde. Que ce soit économique – les plus pauvres sont des femmes -, face au mariage, car en 2023, nombre de pays imposent encore « le devoir d’obéissance » de l’épouse au mari ou dans les ministères, une moitié de l’humanité est victime encore d’un déclassement de genre. Cependant, et avec une accélération récente, les solidarités féminines en marche depuis Olympe de Gouges ne cessent de lutter pour réduire, et même supprimer les discriminations envers les femmes, mais le chemin semble compliqué pour conquérir l’ensemble du globe et briser les plafonds de verre construits par les hommes sur un temps long.
Un atlas incontournable qui s’appuie sur de multiples enquêtes très récentes permettant en 120 cartes et infographies de dresser un état des lieux de la situation des femmes dans le monde. Un outil indispensable pour mesurer une réalité du quotidien ici et ailleurs.