Les Cahiers de l’École de Blois, revue annuelle1 fondée en 2003, présentent à la fois des contributions de praticiens, d’enseignants et d’artistes et des travaux de fin d’études des étudiants de l’École de la nature et du paysage, INSA Centre-Val de Loire.

La piste à suivre cette année est celle du vivant dans les paysages urbains et ruraux.

Edito par Olivier Gaudin

Un paysage, objet d’étude des géographes est abordé ici par les paysagistes. Pourtant son approche met , dans le contexte actuel, l’accent sur les ruptures d’équilibre qui affectent le vivant, le changement climatique, l’artificialisation et la dégradation des sols, l’épuisement des ressources en énergie fossile et en eau, la pression démographique et les migrations.

La circulation des paysages entre le mondial, le local et le privé

Étude de cartes postales américaines (1900-1950) par François Brunet

Que nous peuvent nous apprendre les cartes postales sur l’histoire d’un paysage ? Marie-Eve Bouillon vient de leur consacrer une thèse : Naissance de l’industrie photographique. Les Neurdein, éditeurs d’imaginaires (1863-1918). Quel que soit le sujet la carte postale ancienne prend ses codes dans la peinture et pose sur le paysage un regard dont les origines remontent au XVIIIe siècle. Après l’analyse iconographique l’auteur aborde la carte objet qui outre l’image véhicule un message. L’auteur montre que bien avant les réseaux sociaux les représentations de l’espace voyageaient de par le monde.

Cohabitations

L’écologie dans le paysage par Sébastien Bonthoux

Il analyse les interactions entre les organismes vivants du paysage. L’observation méthodique des dynamiques tant dans le temps que dans l’espace montre une diversité en déclins. Son approche d’écologue se rapproche de celle du géographe quand il traite des emboîtements d’échelles. Il milite pour un travail pluridisciplinaire : écologue, paysagiste pour tout projet d’aménagement décrit pas à pas les possibilités de coopération avec le projet de paysage.

De l’expérimentation au projet de paysage

Lectures, concepts, contextes par Lydie Chauvac et Sylvain Morin

Ces deux enseignants de l’École de la nature et du paysage de Blois présente leurs méthodes et choix pédagogiques : développer l’observation par le relevé des végétaux d’un site, conceptualiser l’espace par la maquette, définir et représenter un lieu par la composition d’un projet dans un contexte réel. Ils présentent quelques réalisations de leurs étudiants dans les articles suivants.

Quand la mer monte

De nouveaux horizons pour la plaine de Narbonne par Perrine Malautier, travail de fin d’étude

Sur un territoire fortement urbanisé depuis les années 60 et menacé par la montée du niveau marin dans le contexte du réchauffement climatique Perrine Malautier, s’intéresse à la frange littorale entre Narbonne et la mer. Elle rappelle des éléments historiques et par des croquis propose des évolutions : projet agricole du grand Castelou entre maintien de l’économie productive et mémoire antique les lieux, réaménagement de la gare deManade-Gruissan, point central du marais.

Vers le maintien écologique d’un système microrural

Le cas de l’ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes par Coline Fortin, travail de fin d’étude

Elle rappelle 50 années de conflits d’usage des sols qui révèlent les manières de cultiver (relevé des habitats) de ce milieu humide, entre champs, marias et forêt. Elle propose des expérimentations agricoles qui intégreraient les processus écologiques tout en tenant compte des enjeux sociaux, économiques et politiques de ce territoire particulier.

L’épaisseur d’un paysage insulaire

Comment redonner vie au quartier du Front de Seine ? Par Ken Spangberg, travail de fin d’étude

l’article est accessible en ligne : http://www.cahiers-ecole-de-blois.fr/tfe-ken-spangberg/

Un espace urbain complexe au cœur de Paris, symbole de modernité que l’auteur voudrait rendre en partie à la nature : la dalle du Front de Seine un espace à végétaliser. Outre les principes biophysiques l’auteur montre son projet social : animer l’espace public.

Vers une stratégie paysagère des microclimats urbains

Le centre-ville de Clermont-Ferrand par Lisa rue

A partir d’une étude précise des points chauds de la ville et des évolutions à venir avec le réchauffement climatique Lisa Rue se pose la question : comment créer une trame de fraîcheur notamment autour du Palais de justice où elle imagine une déambulation rafraîchissante ? Elle développe sa stratégie autour de la végétation, la gestion des eaux pluviales et le développement de mobilités alternatives.

Reprendre la clef des champs

Entretien avec Sébastien Marot, par Olivier Gaudin

Cet entretien traite de la transformation des paysages agricoles au cours des XIXe et XXe siècles notamment grâce aux progrès de la chimie (engrais, recul des friches). L’évolution des législations en faisant une place aux idées environnementales peuvent-elles contribuer à renouveler la réflexion sur l’aménagement des espaces, les relations entre urbanisme et agriculture ? Sébastien Marot évoque une pratique à la mode, la permaculture.

Le bruit du ciel

Les rythmes du vivant , Entretien avec Bernard Fort, par Lolita Voisin

Bernard Fort est audionaturaliste. Il explique son métier, la prise des sons de la nature : oiseaux, insectes, paysages sonores, cet apprentissage ouvre de nouveaux champs de perception, un travail technique, scientifique mais aussi artistique.

Les contributions suivantes sont du registre de l’art

Terres natales

Les dessins au crayon de Paul de Pignol observent le déploiement patient de quelques formes végétales. Proposent une interprétation de la nature.

Murmurations

Jean-Christophe Bailly évoque les vols qui peuvent évoquer le travail d’un plasticien.

Voyage en pays du Clermontois

Photographies d’Israel Ariño et Clara Gassull sur des déambulations campagnardes.

Foulées

Francis Tabouret y aborde le galop des chevaux de course, de la Lozère à Abou Dhabi.

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1 Le numéro 2019, Pentes, reliefs, versants avait été chroniqué par Typhaine Augeard-Robert