Un très bel album sobre et épuré aussi bien du point de vue du scénario de Yves H. que des dessins d’Hermann. Le père et le fils allient leurs talents respectifs afin de nous offrir un péplum sombre et violent. Ayant déjà collaboré pour la série médiévale Les tours du Bois-Maury, pour le western Duke ou encore pour le premier tome de la série Sur les traces de Dracula consacré à Vlad l’empaleur, ils n’en sont pas à leur coup d’essai ! 

En 84 après J-C, dans le nord de la Calédonie, l’Ecosse actuelle, une centurie s’enfonce en plein territoire ennemi. Les légionnaires tentent de rejoindre un fort isolé. Parmi eux, Melonius Brigantus, dit « Le Picte », une force de la nature, une machine de guerre. Fils d’un soldat romain et d’une prostituée, il est considéré tel un bâtard et donc méprisé, raillé et insulté. Malgré cela, Brigantus reste fidèle à Rome et il tue pour elle, sans réfléchir. Dans cette vie bien sombre, au milieu d’une violence omniprésente, il ne rêve que d’une chose : apercevoir la lumière au bout du chemin. Suite à une terrible bataille contre les Pictes, au cœur des marécages, dans la brume oppressante, quatre légionnaires ont survécu, dont Brigantus. Dirigés par l’optio Vigilius qui déteste « Le Picte » mais a besoin de sa force afin de survivre, ils vont tenter de rejoindre le fort isolé malgré les nombreux dangers. 

page 6 de l’album

Ce premier tome du diptyque consacré à un légionnaire barbare, seul contre tous, est incontestablement une belle réussite ! La violence est esthétisée par les somptueux dessins d’Hermann. Davantage habitué à l’univers du western, il excelle dans ce péplum où le rouge agressif des vêtements romains et du sang tranche avec la grisaille des paysages. Le scénario est très efficace, le lecteur suit avec intensité le parcours de nos quatre survivants au cœur d’une contrée inhospitalière. Yves H. s’inspire de l’expédition militaire de Julius Agricola de 82 à 84 en Calédonie qui, selon Tacite, se soldera par la victoire du Mont Graupius. Mais cette conquête ne sera jamais achevée, la région étant abandonnée par Rome quelques années plus tard. Le deuxième album est d’ores et déjà très attendu !

Pour les Clionautes, Armand Bruthiaux