Hong Kong a été réintégrée à la Chine en 1997. Depuis, la cité cherche à préserver son identité et ses libertés face à son nouveau maître, la Chine. Lu Zhang avait livré dans « Tiananmen 1989 » le témoignage de son engagement.

Dans ce nouvel album, il évoque avec Adrien Gombeaud et Ango la situation particulière de ce territoire. Trois pages introductives de textes aident à mieux comprendre la situation de Hong Kong dans l’histoire.

Hong Kong dans l’histoire

Hong Kong est une « enfant métisse », une ville née de deux visions du monde entre Anglais et Chinois. Les Britanniques s’installèrent sur ce territoire en 1842 et s’en emparèrent réellement en 1899 pour 99 ans. Elle fut une capitale financière et commerçante flamboyante. En 1997, à l’heure de la rétrocession, Hong Kong n’a jamais été une société démocratique mais, au moins, elle avait été pendant quelques décennies une société libre.

Nos années sauvages

Le territoire a longtemps représenté une autre Chine avec une vie quotidienne bien particulière. Ici, par exemple, on parlait cantonais et anglais. On buvait du yuen yeung,  un cocktail de thé et de café mélangés, qui n’existe qu’ici et qui témoigne, à sa façon, de ce mélange de deux cultures. Des gens avec des profils très différents étaient venus s’installer. En même temps, Hong Kong apparaissait comme une colonie dans un monde post-colonial. L’album explique le déroulement des négociations entre la Chine et la Grande Bretagne pour organiser la rétrocession.

En 1989, Hong Kong soutient la contestation qui se développe en Chine. 1,5 million de personnes défilent pour un territoire qui en compte cinq millions. Après la rétrocession, le territoire est frappé par la crise économique de 1997 ainsi que par le SRAS quelques années plus tard.

A toute épreuve

Une nouvelle génération va naître dans l’entre-deux d’une ville internationale. La « première génération post-coloniale » ne sera pas plus attachée au continent que la précédente. Elle cherche au contraire à se forger une identité purement hong kongaise. En 2003, des premières tensions apparaissent avec une loi qui doit permettre de juger les habitants du territoire en Chine continentale. Des personnes se mobilisent aussi pour défendre leur patrimoine, comme en témoigne la défense de la Maison bleue, un des vestiges des années 1950.

En 2012, c’est à l’occasion d’un projet de réforme des programmes scolaires que de nouvelles mobilisations ont lieu. Deux ans plus tard, Pékin décide de nouvelles règles pour désigner le chef de l’exécutif. Aux législatives de 2016, les partis pro-démocratiques rassemblent 52 % des voix mais le système reste en réalité verrouillé au profit de Pékin.

City on fire

Un féminicide va déclencher le plus grand mouvement de protestation de l’histoire de Hong Kong. L’évènement est récupéré par la Chine pour tenter de faire passer une loi sur l’extradition entre la Chine et Hong Kong. L’album évoque aussi le cas d’une maison d’édition progressivement démantelée avec, par exemple, la disparition mystérieuse de l’éditeur Gui Minhai.

Depuis 2019, un amendement peut faire qu’une personne suspectée à Hong Kong ou sur le continent peut courir le risque de se voir remise dans les mains de la justice de la Chine. Un puis deux millions de personnes manifestent alors contre ce projet. Plusieurs pages évoquent ce combat pour la liberté. Les centres commerciaux deviennent des lieux de protestation. L’aéroport est occupé puis la répression s’abat. En une journée, 1458 grenades lacrymogènes et 1391 balles de caoutchouc sont tirées. La rue a perdu cette bataille.

En 2021, pour la première fois en 32 ans, la veillée du 4 juin qui avait lieu à Hong Kong pour commémorer le soulèvement de la place Tiananmen n’a pas eu lieu. Plus de 7000 policiers avaient été déployés pour éviter tout rassemblement à Hong Kong.

Au-delà de l’histoire racontée dans cet album, il faut insister sur la force de plusieurs planches, sur leur créativité qui participent à faire de cet album un témoignage fort sur trente ans de la vie de Hong Kong.