Mao et moi est un petit trésor d’intelligence déniché dans les tréfonds d’un bac de soldeur.
Chen Jian Hong, son auteur, y raconte sa jeunesse en pleine Révolution culturelle.
Le décor est posé avec une grande économie de mots : « le printemps est arrivé. Nous sommes en 1966, dans une grande ville du nord de la Chine. Une petite rue grise. Une odeur de charbon flotte dans l’air. Des fils électriques s’agitent au vent. Dans une rangée de bâtiments en brique, un immeuble dont mon père m’a dit qu’il s’était construit très vite, dans les années cinquante. C’est au deuxième étage que vivait ma famille, c’est à dire mes parents, mes grand-parents, mes deux sœurs et moi ».
C’est d’abord le récit d’une vie humble qui s’offre au lecteur mais faite parfois de réels plaisirs au sein d’une famille soudée en dépit des difficultés.
Et puis Mao proclame une « grand révolution culturelle » dans le pays.
Et l’enfant qu’est alors Chen Jiang Hong voit les gardes rouges humilier des individus dans la rue, sa grand-mère brûler de vieilles photos où elle portait une robe de soie, les autodafés de livres et le p eurosortrait de Mao entrer dans son salon.
Puis c’est Madame Liu, élégante voisine qui fait écouter Mozart au jeune garçon, qui est embarquée dans un camion, après une séance d’humiliation publique, pour ne jamais revenir.
C’est ensuite le père de Chen Jiang Hong qui doit partir pour être rééduqué dans la forêt de Hei Long Jiang…
Ce magnifique écrit autobiographique est servi par des illustrations d’une très grande qualité et présente, avec beaucoup de subtilité, le récit d’une enfance en pleine dictature maoïste.
Si le livre s’adresse plutôt à un jeune lectorat, il pourra tout autant séduire des élèves du secondaire et venir même illustrer des séquences consacrées à cette période de l’histoire de la République populaire de Chine.
Grégoire Masson