Ce « poème graphique », selon l’expression de Chrystel Bernat, est une mise en dialogue de témoignages et de la reconstruction par Eloi Valat de cet événement qui marque le début de la guerre des Camisards.

Chrystel Bernat relate la mort de l’abbé du Chaila, le 24 juillet 1702 au Pont-de-Monvert, acte 1 de la révolte des Camisards. Elle replace l’événement dans le contexte de la lutte royale, incarnée par l’intendant du Languedoc, pour éradiquer l’hérésie. Cette répression féroce contre les huguenotsC’est aussi le sujet du récent ouvrage de Patrick Cabanel, Un village sous la révocation de l’Édit de Nantes, Passés Composés, 2025, qui montre les méthodes de l’abbé du Chaila., résistants du « Désert » explique l’explosion de violence de 1702. Faute de ministre du culte depuis la révocation de l’édit de NantesLa révocation de l’édit de Nantes ou les faiblesses d’un État, Philippe Joutard, Gallimard, Folio histoire, 2018, on a vu se développer un sentiment mystique. La situation a entraîné une exaltation, parmi les jeunes, dont témoigne le « songe » d’Abraham Mazel, un des protagonistes de la révolte.

Chrystel Bernat présente cette œuvre composite écrite et illustrée par Eloi Valat, peintre et dessinateur : une mise en textes et en images de La guerre des Cevennes.

Le récit emprunte à la fois à la mémoire collective et à des extraits des Mémoires d’Abraham Mazel ou du récit posthume de Jean-Baptiste L’Ouvreleul, Le fanatisme renouveléRéédité par Patrick Cabanel aux Presses du Languedoc.

Si la mort de François de Langlade, abbé du Chaila, « la triste figure d’un persécuteur » est au centre du récit, cette œuvre, par sa qualité graphique, va bien au delà, comme une réécriture de la mémoire cévenole.