D’octobre 2014 à décembre 2016, Galien a animé des ateliers de dessin en prison. Il livre aujourd’hui le fruit de cette expérience. Galien a précédemment publié avec Crocbart « Les 1000 mystères d’Arsène Lupin » mais également une bande dessinée sur Toulouse. Dessinateur de presse, il collabore au journal Fakir.
Parler de la prison
Galien a d’abord le projet de faire un livre avec ce qu’il a vécu en donnant notamment la parole aux détenus mais celui-ci n’est pas retenu. Plusieurs années après, il décide donc de malgré tout témoigner de ce qu’il a vu et vécu en changeant les noms. Dans sa préface, Alain Badiou évoque le travail de Galien en soulignant combien l’auteur traduit le réel de la prison.
Aller en prison
L’auteur est contacté par Marion avec qui il avait précédemment travaillé dans le cadre d’un autre projet. Elle travaille désormais pour le SPIP, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation. Elle lui propose d’intervenir en prison. Galien ne cache pas une certaine appréhension car, comme tout le monde, il a un certain nombre de représentations sur ce lieu. Il interviendra donc en maison d’arrêt. Ce lieu accueille tous les publics et essentiellement les petites peines. On y trouve parfois de longues peines, qui attendent une place en centre pénitentiaire.
Premiers contacts
Galien détaille les procédures pour entrer comme le dédale des couloirs avant d’arriver dans la salle de cours. Marion l’a préparé avant et continue aussi à lui donner des conseils tout au long de ses visites. Par exemple, Galien ne devra jamais savoir pourquoi les détenus le sont pour ne pas l’influencer. On constate néanmoins que quelques-uns se livrent à lui une fois une certaine confiance établie.
Des histoires différentes
Tout au long de l’ouvrage, Galien dresse le portrait de plusieurs détenus. Cela permet de bien voir la diversité des profils et des histoires. Il y a par exemple Raymond, très bavard, Azlan ou encore Jean-Luc. Yembé, lui, attend son procès en prison depuis dix-sept mois. Gérard est un ancien légionnaire. Un détenu intrigue particulièrement Galien, c’est Thierry. Dans ce dernier cas, il franchit la ligne rouge dictée par Marion en se renseignant sur lui. Il le regrette amèrement.
Les règles
Galien découvre au fur et à mesure tout un tas de règles qui régissent la prison. Il comprend, parfois un peu tard, que tout se vend et tout s’achète. Le matériel utilisé pendant l’atelier peut ainsi devenir une monnaie d’échange. Il est sollicité aussi par des détenus pour qu’il apporte des choses en prison. Lors de l’atelier, les détenus doivent participer. C’est pour eux un moment un peu différent et Galien comprend aussi que la notion de temps est très différente vue de prison.
Confiance et ambiance
Le temps aidant, certains détenus lui parlent davantage. Pendant les ateliers, les thèmes privilégiés sont la famille ou encore la nourriture. Galien est surpris à un retour de vacances de ne pas retrouver les mêmes personnes. Marion lui fait remarquer que c’est logique et il découvre alors de nouveaux participants. Il a cependant parfois du mal à discuter avec certains à cause de la barrière de la langue.
Qui es-tu Galien ?
Dans une composition très réussie, Galien se met en scène et note ce qu’il représente pour les détenus et pour les gardiens. Pour les détenus, il est un lien vers Marion mais aussi possiblement une balance. Pour les gardiens, il est un individu extérieur au service et donc à ce titre il est à surveiller. Il confesse se sentir bien dans cette salle de cours.
La réalité d’une maison d’arrêt
Par petites touches, l’auteur témoigne aussi de la réalité et du quotidien. Il ne cache pas la question de la violence qui peut exister. Il raconte aussi combien il est choqué quand il voit arriver un jeune de 14-15 ans interpellé à la suite d’une manifestation. Il réussit à établir quelques contacts avec un gardien, mais on sent bien que cela est exceptionnel.
Après cette expérience, Galien a envie de retourner en prison pour développer d’autres projets. Il en parle, développe des idées, prend des contacts, mais cela restera finalement sans effet. L’auteur témoigne donc du quotidien d’une maison d’arrêt par l’angle de l’atelier qu’il a animé. Galien fait preuve d’une grande humanité dans son approche des autres, quels qu’ils soient.