Présentation de l’éditeur : Et si une œuvre d’art pouvait être l’héroïne d’une grande aventure de l’histoire de l’art.

Depuis sa conception au 15e siècle, le retable de « L’agneau Mystique » a connu de nombreuses aventures. Il est sauvé de la folie destructrice durant la Révolution Française, en étant transporté en charrette jusqu’à Paris. Il sera mis en danger lors du premier conflit armé mondial, puis sera sauvé par les « Monuments Men » à la fin de la seconde guerre mondiale, à Altaussee en 1945. Le deuxième volet de l’œuvre sera volé en 1934 et reste une des énigmes de l’histoire de l’art : où est-il passé ? Tant de questions et d’anecdotes qui se doivent d’être racontées pour cette œuvre d’art qui a traversé les siècles. 

Le professeur d’Histoire, Harry de Paepe et l’illustrateur, Jan Van der Veken, se sont associés pour composer ce roman illustré qui tire son inspiration de l’incroyable épopée d’une œuvre d’art exceptionnelle, le Retable de l’agneau mystique peint par les frères Van Eyck, inauguré en 1432 dans la chapelle Vidj (nom du commanditaire) de l’église Saint-Jean de Gand (aujourd’hui la cathédrale Saint-Bavon). Si des repeints fâcheux avaient un peu abîmé ce chef-d’œuvre, une restauration récente en 2020, patient et minutieux grattage au scalpel, a redonné de l’authenticité à l’ensemble, notamment la tête de l’agneau aux yeux humains, symbole du Christ dans la religion chrétienne. En début d’année, une exposition extrêmement fréquentée a eu lieu au musée des Beaux-Arts de Gand (MSK Gent), puis elle a été fermée prématurément en mars. On peut peut-être espérer une réouverture et quelques places disponibles après le retour à une activité normale. Paru en février, notre ouvrage a accompagné cet événement.

Le retable fermé

Le roman commence par un mystère. En effet un panneau, les Juges intègres, (le volet intérieur du bas à l’extrême gauche) a été volé en 1934, et n’a jamais été retrouvé. Ainsi les auteurs s’attachent à retracer les péripéties du polyptyque tout en expliquant sommairement les circonstances de la commande puis l’exécution de l’œuvre. La reproduction et les commentaires des panneaux sont relégués à la fin du livre.

Ce sont les aventures et le voyage à travers l’histoire qui est le véritable sujet de ce roman afin d’étonner le lecteur qui aujourd’hui peut admirer le retable de l’agneau mystique restauré et recomposé comme à l’époque des frères Van Eyck, ou presque… En effet les différentes parties de ce polyptyque ont connu des aventures rocambolesques. Tant prié, il dut très tôt être restauré par Lancelor Blondel et Jan van Scorel, très connus de leurs temps, mais qui font disparaître la prédelle représentant le purgatoire. Tant admiré par Albrecht Dürer en 1521, puis par l’héritier de Charles Quint, Philippe II entre 1557 et 1559, qu’il exigea une copie qu’il fit exécutée par Michiel Coxie pour l’emmener en Espagne. Tant d’émerveillement qu’il suscita des vers du poète Lucas de Heere. Tant d’aversion à la période iconoclaste de la Réforme, qu’il fut mis à l’abri dans la tour même de la cathédrale Saint-Jean. Tant estimé, que les Orangistes cherchèrent à le vendre et que Joseph II, l’empereur germanique fit détacher les panneaux d’Adam et Eve trop dénudés à son goût ! Tant symbolique, que les envahisseurs français emportèrent les panneaux centraux pour les exposer à Paris au musée du Louvre. Ces derniers seront restitués après Waterloo tandis que les panneaux latéraux seront vendus et aboutirent à Berlin. Voilà notre polyptyque disloqué. Après la Grande Guerre, le retable est reconstitué car le traité de Versailles imposa aux Allemands de rendre les parties de l’œuvre qu’ils possédaient au titre de dédommagements de guerre alors que ces dernières avaient été achetées. Le vol du volet des Juges intègres en 1934 entraîna sa copie par Jef Van der Vecken, un restaurateur spécialisé des frères Van Eyck. Une telle renommée du retable de l’Agneau Mystique n’aura pas échappé aux nazis. Dès l’invasion de la Belgique en 1939, les hommes d’Hitler cherchèrent le polyptyque, symbole du diktat de 1919. Mais il n’était plus en Belgique, caché au château de Pau en zone libre. Considérée comme « un modèle de l’art supérieur allemand », l’œuvre devait être retrouvée pour orner le « Fürhermuseum » à Linz sur le Danube, nouvelle capitale du Reich après la Victoire finale. L’été 42, le polyptyque sera récupéré par les agents d’Himmler avec le soutien du gouvernement de vichy. Il partit alors pour le château wagnérien de Neuschwanstein et finit dans une mine de sel à Altaussee qui comprenait 67 km de galeries. La division spéciale connue sous le nom de The monuments Men sortit de sa cachette l‘Agneau mystique sauvé mais dont le vernis fut altéré par le sel. De retour en Belgique, une restauration complète et scrupuleuse redonna son éclat aux 24 panneaux que composent ce retable.

Destiné aux plus jeunes, ce roman décrit avec justesse les péripéties de cette œuvre magistrale. Si la lecture est facile, la traduction en Français entraîne des maladresses d’expression et des approximations dans la narration historique. Même si l’ouvrage n’entend pas faire le point sur le sens des scènes du retable, il est regrettable que les explications soient si simplistes et que les reproductions de piètre qualité soient reléguées en fin d’ouvrage. Enfin, dans une édition en Français, il aurait été souhaitable d’avoir des références bibliographiques en Français,  au moins, une petite partie.