Pitcairn, un petit caillou de 5km2 à 2000 kilomètres au sud-est de Tahiti, est déserte. C’est au moins ce que croit le capitaine d’une expédition britannique. Parce qu’il faut approvisionner en eau les deux navires, le capitaine Staines décide qu’il faut aborder malgré une côte inhospitalière. Nous sommes en septembre 1814.

Les dessins de Marc Curto Turon rendent bien compte des difficultés de la mer et des atmosphères sur l’île. Les textes de Stéphane Blanco mettent en scène une véritable énigme à résoudre quand, contre toute attente, les hommes se retrouvent face à une femme, une Mélanésienne. Que fait-elle là ? Seule ?

Alors que Staines est droit dans ses bottes et peu ouvert au dialogue, le capitaine Pipon qui commande le second navire entend comprendre pourquoi et comment quatre femmes avec leurs enfants vivent isolés sur cet îlot.

Alors que l’approvisionnement en eau douce progresse, l’énigme rebondit quand le capitaine Staines, intrigué par la construction des habitations, trouve une bible, la bible du HMS Bounty.

Sur ce navire parti d’Angleterre en novembre 1787 en direction de Tahiti, pour y chercher des « fruits à pain ». Lors de l’escale les marins ont sympathisé avec des femmes mélanésiennes. C’est lors du voyage de retour qu’a lieu une mutinerie commandée par le second Fletcher Christian en avril 1789. Après des vicissitudes non évoquées ici, mais ce n’était pas le propos, quelques rescapés de la mutinerie dont Fletcher Christian s’installent avec quelques Tahitiens et Tahiennes à Pitcairn et brûle le navire. Ils se construisent des cabanes en bois et en feuilles, Il y a là 9 marins et 18 Tahitiens (6 hommes et 12 femmes).

Comme le raconte Maimiti, qui a été la compagne de Flechter, des violences éclatent entre les marins et les Tahitiens. L’auteur décrit ce contact plus que rugueux entre deux visions du monde, deux civilisations. Il ne reste bientôt plus qu’un marin, John Adams, avec des femmes qui rêvent de repartir vers leur île natale et une vingtaine d’enfants né à Pitcairn.

Le débat est rude entre les deux capitaines anglais à propos du sort à réserver à ce mutin Adams toujours recherché par la justice même 25 ans après la mutinerie.

Adams sera laissé dans l’île où l’Union Jack est hissé, appropriation de l’îlot au nom de la couronne britannique avec quatre femmes.

Aujourd’hui l’île est peuplée par une cinquantaine d’habitants, tous descendants directs du Bounty dont Steve Christian. L’histoire du Bounty demeure très présente : le 23 janvier est une date commémorative rappelant l’incendie du navire.

 

Un bon moment de lecture servi par des énigmes à résoudre et une solide documentation historique.

 

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