La sortie du 2e tome de la trilogie consacrée à une partie de la gens Julia du IIIe siècle de notre ère nous permet de faire le point sur les deux premiers volumes.  La trilogie est réalisée par le même scénariste et le même dessinateur.

Résumé du 1er tome

Le 1er tome démarre à la mort de l’empereur Macrin et nous plonge directement dans le contexte politique extrêmement confus de la Rome antique. Toujours grande puissance militaire, disposant d’un territoire toujours aussi immense, Rome est en proie à de multiples querelles de pouvoir internes, luttes intestines entre grandes familles, Sénat et armées.

Les trois Julia suit, à travers le destin de l’empereur Héliogabale, 3 femmes de pouvoir et de caractère, les « princesses syriennes »: la grand-mère Julia Maesa, la mère Julia Hoaemias et sa tante Julia Mamaea. Surtout, à travers ces 4 protagonistes, nous abordons la fin de la dynastie des Sévères.

Après la mort de Caracalla en 217, une partie de la gens Julia est expulsée de Rome vers le fief familial d’Emèse dans l’actuelle Syrie. Cet exil est ainsi vécu comme un affront par la matriarcale toute puissante du clan, autoritaire et violente, Julia Maesa, qui va oeuvrer à la récupération du pouvoir. Dès lors, elle intrigue depuis sa province pour élever son neveu, Varius Avitus Bassianus, au rang d’empereur. Mais elle doit aussi faire avec les ambitions de ses deux filles et le caractère imprévisible de son neveu.

Résumé du 2e tome

Le 2e tome raconte, quant à lui, l’arrivée au pouvoir de Marcus Aurelius Antoninus (nom d’empereur de Varius), dit Héliogabale. L’empereur, grand-prêtre du dieu Elagabal (d’où son surnom), délaisse les rênes du pouvoir aux femmes qui l’entourent. Totalement investi dans son rôle de grand-prêtre, il se focalise sur l’érection d’un temple consacré à cette divinité, remet en cause les cultes classiques romains et multiplie les fêtes et orgies.

Se travestissant régulièrement en femme, s’interrogeant sur sa propre sexualité et remettant en cause sa nature d’homme, les auteurs nous présentent un empereur habité par sa mission divine et excentrique. D’où des premières tentatives de renversement, des complots, y compris au sein de sa propre gens.

Analyse

Ces bd nous présentent des femmes de pouvoir. A la différence de ce qu’a voulu transmettre l’historiographie antique, et comme l’a très bien montré, dernièrement, Virginie Girod, les femmes ont une réelle influence politique dans la Rome antique. Les princesses syriennes ont pleinement conscience de leur rôle, de leur puissance, de celle leur famille et de leur nom. Refusant la décadence, elles vont se battre, ensemble mais aussi les unes contre les autres, pour assurer à leur descendance, mais aussi pour elle-mêmes, une place tout en haut de l’empire.

Les deux premiers volumes permettent aussi de comprendre la conquête longue du pouvoir, l’importance des légions et des réseaux à Rome et dans les provinces, le rôle de la religion et des divertissements dans la relation au peuple. Les auteurs nous offrent donc une immersion prenante et haletante dans une société complexe, qu’il est toujours difficile de saisir.

Si la réalisation graphique est impeccable, nous pouvons néanmoins nous interroger sur la volonté des auteurs de dépeindre les provinces syriennes (et cette partie de la gens Julia) uniquement comme des lieux de violence politiques et familiales, comme des lieux d’orgie et d’outrances sexuelles. Sans nier la réalité des choses, cet aspect occupe peut-être une trop grande place dans le récit.

Heureusement, cela est bien compensé par la narration des intrigues politiques, la description de l’élite romaine et l’analyse psychologique des personnages principaux. C’est un réel plaisir que de suivre le destin contrarié de ces 3 femmes et de ce troublant empereur.

Pour information, le 1er volume n’était plus disponible en service de presse au moment de l’écriture de ces lignes, a été envoyé en format numérique, ce qui n’est pas du tout la même expérience de lecture. Notamment en raison de la qualité des dessins, peu mis à leur avantage en format numérique.

Présentation des auteurs sur le site de l’éditeur

 » Luca Blengino est né à Cuneo en Italie, où il réside. Après un Master d’écriture créative à l’école Holden de Turin, il travaille pour le cinéma d’animation et la télévision. Il débute comme scénariste de bande dessinée en 2004, chez Semic et poursuit par une prolifique collaboration avec les Éditions Delcourt, sous la houlette de David Chauvel. Il a publié Le Casse – Gold Rush, 7 Survivants, L’Astrolabe de glace, et a écrit l’ensemble des scénarios de la série Les 7 Merveilles (Delcourt).« 

 » Antonio Sarchione est né en Italie où il réside. Antonio Sarchione développe dès sa plus tendre enfance une passion pour la BD. Diplômé de l’école d’art de Vasco, il fait ensuite l’Académie des Beaux-Arts d’Urbino section peinture. Après quelques publications en Italie, Star Comics, Hammer 10 (1994), il décide de tenter sa chance de l’autre côté des Alpes. En 2006, il sort son premier album aux éditions Soleil : Fédération. La même année, au festival d’Angoulême, il dépose au stand Delcourt son album ainsi que son portfolio qui sont immédiatement remarqués. Puis tout s’enchaîne, David Chauvel le contacte et après quelques essais, lui propose d’être dessinateur sur C.O.P.S. »

Présentation officielle du tome 1

« L’ascension de Julia Maesa, exilée après l’assassinat de son neveu, empereur de Rome, racontée par Luca Blengino et Antonio Sarchione. Une vengeance implacable, menée de main de maître… sse. 218 après J.-C. Après avoir comploté pour faire assassiner Caracalla, l’ancien préfet Macrin, de- venu empereur de Rome, fait exiler en Syrie Julia Maesa, la tante du souverain déchu. De là, cette dernière commence à comploter pour reprendre la place qu’elle estime être la sienne. L’outil principal de sa vengeance : son neveu Varius Avitus Bassianus, adepte du culte de la Pierre noire, qu’elle entend bien faire sacrer Empereur de Rome… »

Présentation officielle du tome 2

 » Si le règne de l’Empereur Héliogabale est celui de tous les excès, il cache surtout le grand dessein de sa mère pour Rome… Deuxième volet de la dynastie qui fit régner la terreur sur la Rome antique. 219 après J.-C. Après la défaite de Macrin, Héliogabale, nouvel Empereur de Rome, arrive dans la Ville éternelle pour s’installer sur le trône. Acclamé par le peuple, il est le souverain de tous les excès, partageant son temps entre les bacchanales et l’adoration de la pierre noire, symbole du culte d’Émèse. Sa mère, l’intrigante Julia Soemias, va encore plus loin, elle œuvre secrètement à imposer le culte du dieu solaire à l’empire tout entier… »