Dans cette collection, elle a déjà proposé entre autres « SOS Titanic » ou « Les cendres de Pompéi ».
Armande, une jeune fille au XVII ème siècle
Il s’agit d’un ouvrage d’imagination à partir d’un personnage réel qui n’est pas n’importe quelle jeune fille. Armande est en effet comédienne dans la troupe de Molière. Le journal intime se déroule sur trois ans (1658-1661), ce qui permet de donner un peu d’épaisseur au personnage, et surtout de le voir évoluer. En effet, Armande n’est au début qu’une très jeune fille. Quant à la fin, n’en disons rien pour ne pas dévoiler le suspense… L’ouvrage propose aussi quelques compléments à la fin pour permettre d’aller plus loin, et notamment le devenir d’un certain nombre de protagonistes rencontrés lors de la lecture. On trouve également quelques informations très utiles sur le contexte d’époque, ainsi que des propositions de livres, films et musique en rapport avec le sujet. L’ouvrage propose une langue soutenue et de qualité, ce qui rend l’ensemble fort agréable à lire.
Quelle place pour le théâtre à l’époque ?
Au travers de ce journal, l’auteure restitue l’ambiance de l’époque et, par exemple, la vie d’une troupe de théâtre, ses frictions internes et la concurrence avec les autres troupes. A cause de leur échec à Paris, celle de Molière choisit de partir tourner en province. Le livre donne à comprendre la réalité de ce monde du théâtre au dix-septième siècle. On apprendra peut-être par exemple que c’est grâce aux comédies que la troupe de Molière survit financièrement. A un moment, elle obtient la salle du Palais royal pour jouer. On voit là l’importance de la protection des Grands. On découvrira aussi peut-être que les troupes de théâtre fonctionnaient sous forme de sociétés divisées en parts. Une troupe ne pouvait licencier un acteur sans l’indemniser.
La France du XVII ème siècle
Plusieurs passages offrent des points de vue sur le XVII ème siècle. Parmi eux, on peut noter une description de Paris (page 36) : « j’ai vu des rues étroites, boueuses et malodorantes, qui se terminent bien souvent en cul-de-sac. Les maisons sont aussi étroites et entassées les unes contre les autres. » La plongée dans la capitale se poursuit et rend compte d’un monde trépidant et potentiellement dangereux. On entend aussi parler du mariage du Roi avec une description très détaillée du luxe alors déployé. Ces années 1660 sont également l’occasion de mentionner des personnages comme Fouquet, Louise de La Vallière, Le Vau ou encore Vatel. Cela forme autant de points d’entrée ou de prolongements pour ceux qui le souhaitent. Les jeunes lecteurs relèvent que l’intrigue est bien menée et permet de bien se plonger dans l’ambiance. L’évolution des sentiments de la jeune fille n’est pas aussi étrangère à cet intérêt pour le livre.
Itinéraire d’une jeune fille
En effet, on s’aperçoit très tôt que la jeune Armande est amoureuse de Molière,.mais, pendant longtemps, il ne la remarque absolument pas. En plus, elle doit affronter une rude concurrence avec beaucoup de femmes qui tournent autour de l’auteur de théâtre. Cela provoque notamment des tensions entre Armande et sa soeur. Disons tout de même qu’à la fin du livre, la situation d’Armande est bien différente de celle du début…
Molière, portrait intime et portrait public
A plusieurs reprises dans le livre, on découvre un Molière intime, par petites touches. L’amour d’Armande fournit de nombreuses occasions pour livrer des anecdotes. Il est ainsi notamment présenté comme un « mauvais comédien » et un coureur de jupons. Il a vingt ans de plus qu’elle. On voit ses débuts avec des pièces moins connues, mais aussi le début de pièces, certaines devenues célèbres, comme « Les précieuses ridicules » (page 59) ou « L’école des maris ».
A travers ces trois ans de vie d’Armande, on découvre avec plaisir l’ambiance en ce milieu du dix-septième siècle. Par le biais d’une troupe de théâtre, on navigue entre saltimbanques et puissants de l’époque. L’auteur donne ainsi sa place aux grands personnages attendus, mais surtout donne à voir la destinée d’une jeune fille. Un ouvrage à conseiller.
Pour se faire une opinion, il est possible de lire les premières pages sur le site de Gallimard.
© Jean-Pierre Costille, avec l’aide de Clara, pour les Clionautes.