Beau numéro de rentrée chez SH (entendez Sciences Humaines !).

Voilà de quoi satisfaire des lecteurs variés ! Au-delà d’un gros dossier consacré à « Comment apprend-on ? » contenant à la fois conseils pratiques comme des articles plus théoriques, ce numéro rassemble des focus sur des sujets directement exploitables dans l’enseignement secondaire et étant autant d’incitations à aller plus loin grâce aux références dont sont nourries ces textes.

Ainsi, en est-il de l’interview de Michèle Perrot, 90 ans, « Les femmes ont une histoire » où elle revient sur son parcours, ses inspiratrices (Joan Scott, Natalie Zemon-Davis, Louise Tilly…), ses conclusions (« L’histoire des femmes conduit à exhumer des pratiques cachées, à s’intéresser à l’infraordinaire, ce à quoi les historiens aujourd’hui sont de plus en plus sensibles. ») et ses chantiers à venir (à propos de Michel Foucault : « Un de mes rêves, c’est de plonger dans ses Dits et Écrits. Je le ferai quand je prendrai vraiment ma retraite… »). De même, un focus est constitué d’un compte-rendu d’un article de la revue Metropolitiques consacré aux villes françaises en décroissance.

Enfin, les textes courts d’Anne Lambert (cf Tous propriétaires !) consacrés à La France périurbaine sont particulièrement synthétiques et exploitables en classe. Elle revient sur la définition de périurbain en allant au-delà de celle donnée par le zonage en aires urbaines de l’INSEE en s’appuyant sur les réflexions d’Eric Charmes proposant de retenir davantage de critères qualitatifs et une entrée par la géographie et l’urbanisme. « Les territoires périurbains ont une dépendance fonctionnelle (et symbolique) à une agglomération, mais ils sont aussi marqués par une forte interpénétration des zones naturelles ou agricoles et des zones urbanisées. C’est ce qui les différencie de la banlieue qui se trouve quant à elle en continuité urbaine de l’agglomération, aucune construction n’étant distante de l’autre de plus de 200 mètres. » De même, elle revient sur l’essor du périurbain après la seconde guerre mondiale, résultat de la construction d’autoroutes et d’infrastructures ferroviaires, de la diffusion de l’automobile, de la généralisation du crédit immobilier et des politiques sociales d’accès à la propriété ainsi que la standardisation des procédés de construction. Elle n’oublie pas de rappeler que l’étalement urbain n’est pas le seul fait de la construction de logements individuels mais aussi de l’implantation de sites de production, d’entrepôts, de centres de tri… Elle s’expose également la sociologie de ces espaces : la place tenue par les ouvriers, les immigrés (11%). Elle relativise les stratégies des « petits blancs », hantés par la stratégie du déclassement et tentés par le vote FN en convoquant les scores réalisés par Marine Le Pen à Grosrouvre, commune aisée des Yvelines, où la candidate du FN a rassemblé 73% des suffrages au second tour de l’élection présidentielle de 2017 alors que les Essarts-le-Roi, une commune périurbaine également située en frange d’agglomération, 77% des électeurs ont voté pour Emmanuel Macron. Un bel os à ronger pour la géographie électorale !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes