Aurélie Van Dijk, docteure en psychologie cognitive, est consultante formatrice chez CSP. Ce livre se veut un état des lieux des connaissances neuroscientifiques en lien avec l’apprentissage. Il est plus spécialement orienté vers la formation d’adultes, mais on trouvera plein d’idées à réinvestir également dans le cadre scolaire. 

Une présentation qui sollicite le lecteur

L’auteure a choisi de présenter ses conseils de la façon la plus percutante possible, c’est-à-dire avec des quiz introductifs dans les chapitres ou des points réguliers sur ce qui vient d’être vu.  Le tout est agrémenté de modes de rappel variés utilisant les tableaux récapitulatifs, mais aussi du visuel, car cela constitue de bonnes pratiques à appliquer. En introduction, Aurélie Van Dijk récapitule quelques connaissances sur le cerveau et son fonctionnement. Elle propose des prolongements sous forme de qr code, renvoyant, par exemple, à des vidéos pour aller plus loin. Le livre comprend également de nombreux témoignages. 

Ce que nous croyons sur le cerveau : vrai ou faux ? 

L’auteure cherche dans cette première partie à débusquer les neuromythes et, pour cela, elle interpelle d’abord le lecteur en lui soumettant un certain nombre d’affirmations. Parmi elles, « Nous utilisons 10 % de notre cerveau », « Cerveau gauche/cerveau droit » ou encore « On peut apprendre la nuit ». Les réponses sont fournies ensuite et l’auteure reprend chacune des affirmations et les commente. Ce que l’on sait en tout cas, c’est qu’il faut stimuler le sens visuel a minima et le maximum de sens si possible. On sait également qu’il faut réactiver les messages clés en fin de journée. Aurélie Van Dijk rappelle également quelques techniques de mémorisation évoquées dans le livre de Bernard Croisille « Tout sur la mémoire » : la répétition, l’utilisation de moyens mnémotechniques, l’association ou encore l’imagerie mentale. Pour être certain de bien mémoriser ce qui vient d’être lu, une fiche mémo très pratique présente le neuromythe à gauche et ce qu’on sait à droite. 

Comment mon cerveau apprend-il ?

A présent que l’on a posé quelques jalons, on peut se focaliser sur l’apprentissage. Là encore, on commence par un petit test puis l’auteure rappelle les travaux d’Hermann Ebbingahaus. Celui-ci a mis en évidence que 70 % de l’information mémorisée était oubliée lors des neuf premières heures. Il faut donc espacer les apprentissages et agrandir progressivement l’écart entre les intervalles. Aurélie Van Dijk a le souci de dire tout de suite ce que cela signifie concrètement en formation. On peut relever qu’une autre partie est consacrée spécifiquement à la mise en oeuvre d’une formation,  mais ce qui peut apparaitre comme une répétition est peut-être aussi un moyen de faire passer le message :  la preuve étant que j’ai repéré ce qui peut sembler une redite ! Autre astuce que l’on peut retenir, c’est la règle des 3 D : dire ce que l’on va dire, dire, dire ce que l’on a dit. On retrouve également évoqués les quatre piliers de l’apprentissage popularisés par Stanislas Dehaene. Parmi les autres idées à retenir,  celle que notre cerveau n’est pas multitâche et qu’on ne peut faire deux choses en même temps que si l’une d’elle a été automatisée. Aurélie Van Dijk insiste sur l’importance des pauses et propose une palette d’idées à ce propos. Là encore, elle prend bien soin de donner des exemples concrets pour appliquer ces principes dans une formation. Les pages suivantes précisent ce qu’il faut savoir sur la motivation et rappelle, par exemple, qu’il faut toujours expliquer le pourquoi de la séance en cours. L’apprentissage collaboratif est ensuite abordé avec des idées à expérimenter comme le fait de faire expliquer par quelqu’un le contenu de ce qui vient d’être dit à une autre personne. 

J’ai compris et maintenant j’applique dans ma conception 

Cette partie s’intéresse à ce qu’on nomme l’ingénierie pédagogique. Elle définit les termes de « dispositif pédagogique », de « modules de formation » ou de « séquences pédagogiques ». L’auteure rappelle la taxonomie de Bloom qui à partir de verbes distingue six niveaux cognitifs allant du plus simple, restituer, au plus complexe, évaluer en appliquant des critères. On trouvera aussi d’utiles conseils sur le démarrage et la clôture d’une formation. Tous ne sont certes pas utilisables en classe mais plusieurs sont facilement transférables. Aurélie Van Dijk présente des modèles comme CESPER : prendre Conscience, Envie d’apprendre, intégrer les Savoirs utiles, mettre en Pratique, Expérimenter et Renforcer. Parmi les moyens mnémotechniques pour le formateur ou l’enseignant, notons aussi le « Toast », c’est à dire que démarrer une séquence, c’est annoncer la Thématique, préciser les Objectifs, évoquer la méthode d’Animation utilisée, décrire le Séquençage et préciser le Timing de la séquence. On apprécie également les pistes pour construire des quiz « neuro efficaces » : ceux-ci doivent, par exemple, privilégier les propositions vraies et être diversifiés. 

J’applique dans mon animation 

La quatrième partie poursuit le sillon en se situant cette fois au coeur de l’animation. Il faut réfléchir à la disposition de la salle de formation. Il est aussi nécessaire d’avoir réfléchi à la posture de formateur qu’on souhaite prendre ainsi qu’aux liens instaurés avec les stagiaires. L’auteure livre également quelques pistes pour faire face aux retards ou à la consultation des sms par les participants. 

Boite à outils 

Cette dernière partie montre une palette de techniques et de modalités pédagogiques.  Aurélie Van Dijk décortique dix techniques pédagogiques présentielles et non digitales puis six techniques pédagogiques digitales. Pour chaque élément abordé, elle en donne les règles d’usage, les avantages et éventuelles contraintes ainsi que des exemples. Des témoignages, éclairages neuro et des qr code renvoient vers davantage de ressources en lien avec la technique présentée. A titre d’exemple, on trouve des exemples liés à la pédagogie inversée avec notamment la classe puzzle. Pour l’aspect digital, l’auteure évoque notamment les serious game, les MOOC ou encore la classe virtuelle. Elle revient ensuite sur les différentes pauses que l’on peut utiliser et précise lesquelles sont les plus adaptées selon les circonstances. Parmi les outils on retiendra aussi ces deux sites dont l’un permet de créer des rébus automatiquement et l’autre des mots cachés de façon tout aussi automatique. 

En conclusion, Aurélie Van Dijk s’interroge sur la formation d’ici quelques années et elle le fait de façon originale en inventant un récit possible fait par un stagiaire en 2025 à l’issue de sa ou ses journées. Ce livre recèle de conseils et s’il livre beaucoup de ce qu’on pourrait appeler des astuces, il prend chaque fois le temps d’expliquer ce qui fait que chacune d’elle fonctionne. En ce sens, il invite tout formateur à réfléchir à ses pratiques et à les faire sans cesse évoluer.

Pour en découvrir un extrait, c’est ici.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes