On pourrait discuter de la pertinence de ce jugement sentencieux lorsque l’on sait que justement, la fonction du professeur serait, au fil de la scolarité subie par les élèves, de leur faire acquérir ces méthodes qui leur font cruellement défaut.
L’ouvrage est destiné au départ, et les auteurs ne font pas mystère de ce choix, à des élèves qui intègrent les classes prépas. scientifiques. Pourtant, bien des conseils de méthode, bien des techniques de travail, bien des ficelles seraient utiles à apprendre dès la seconde.
La première partie de l’ouvrage commence par une série de témoignages d’élèves qui ont réussi, une façon sans doute de désacraliser les parcours de réussite.
Le chapitre 2 rester motivé, contient sans doute l’objectif le plus difficile à atteindre. Des résultats médiocres voire catastrophique n’ont rien de motivant.
C’est la seconde partie qui contient des recettes précises sur les méthodes de travail . Le professeur principal d’une classe de seconde ou de terminale et même de classe prépa pourra sans doute y puiser des conseils précis à réutiliser dans la structuration de ses propres cours. Difficile par exemple d’exiger des élèves une méthode si l’on ne l’applique pas soi même. La méthode des couches permet de décrypter un cours et de l’apprendre mais elle gagnerait à être utilisée par bien des professeurs.
Pour les méthodes d’apprentissage, on lira avec profit sans doute la présentation des méthodes cognitives, et notamment ce qui concerne le feed back, la régurgitation. On pourra sans doute l’adapter aux matières et aux classes, mais le principe de ce feed back est de se forcer à « régurgiter » le contenu de la séquence qui vient de se dérouler. On aurait pu rappeler que cela se fait le plus tôt possible après la séquence de façon à avoir en mémoire fraiche le maximum de détails. La régurgitation permet en fait la mémorisation.
Le feed back se décline en deux étapes, le premier après le cours, le second après avoir appris le cours. Il se présente aussi sous trois formes, écrit, oral et mental. La seconde consiste à se mettre à la place de l’enseignant et à expliquer soi même ce que l‘on a appris à quelqu’un d’autre. La notion de groupe de travail peut être aussi introduite. Le feed back mental peut-être pratiqué avec profit dans les temps morts, trajets par exemple.
L’ouvrage présente aussi quelques méthodes de prise de note, sans doute un peu trop générales. On sait bien que la prise de notes efficace est celle qui repose sur la compréhension de ce que l’on entend et de ce que l’on note. Les auteurs ne donnent pas beaucoup de recettes ni d’exemples de cette partie pourtant centrale.
Les autres parties sont consacrées à l’apprentissage des cours, aux préparations spécifiques et à différentes méthodes de lecture. On appréciera les témoignages de certaines personnalités connues, ce qui permettra aussi de connaitre leur cursus scolaire antérieur. Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de l’Express par exemple, est issu de la rue dUlm. On aurait pu le deviner à son écharpe rouge qui fut il y a un temps, comme un signe de reconnaissance dans cette vénérable maison, à moins que cela ne soit une façon de prendre de la distance par rapport à un autre porteur d’écharpe, blanche cette fois-ci, Bernard Henry Lévy, qui n’est pas présenté dans ce livre comme un modèle de réussite… Comprenne qui pourra !
Ce qui est précieux par contre dans ces témoignages c’est la présentation par ceux qui « ont réussi » de leurs ficelles et de leurs méthodes, charge à tout un chacun de les essayer pour voir si elles conviennent.
Au final, on peut trouver que cet ouvrage comporte peut-être un peu trop de témoignages, même s’ils sont souvent très utiles. On aurait aimé une partie plus opérationnelle avec des exercices d’application précis. Il en existe pour le feed back, on aurait aimé les trouver également pour la prise de notes et la construction du plan. D’autres ouvrages le font d’ailleurs et certains, de façon remarquable.
Bruno Modica © Clionautes