Ce livre trouve sa source dans l’expérience de formateurs d’enseignants des trois auteurs. Manuel Musial et Fabienne Pradère enseignent et forment des enseignants à l’Inspe de Toulouse et André Tricot, professeur de psychologie, conduit ses recherches au sein du laboratoire Epsylon. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il dirige la collection « Mythes et réalités en éducation » aux éditions Retz.
Un guide pour construire ses cours
Le livre présente et explique une démarche de conception de situations d’enseignement. Il parle donc de la fabrique des cours et n’a pas pour vocation à parler de gestion de classe ou d’autorité. Organisé en quinze chapitres, chacun répond à une question que l’enseignant doit se poser quand il construit un cours. L’ouvrage comprend des synthèses à la fin de chaque chapitre et une bibliographie. Il y a des encadrés au fur et à mesure du texte pour préciser des notions ou développer plus particulièrement un exemple.
Avant tout, quelques définitions
Enseigner, c’est conduire les élèves à apprendre des connaissances scolaires. Si l’on s’arrête sur le terme d’apprendre, il faut mesurer qu’il existe des apprentissages implicites, qui ne représentent pas un coût cognitif particulier, et des apprentissages par enseignement qui sont coûteux. On peut retenir quelques acquis de la recherche comme le fait qu’en proposant des exercices résolus, plutôt que des problèmes à résoudre, on améliore l’apprentissage. Quant à la connaissance, elle se caractérise par trois composantes : son contenu, ses conditions d’utilisation et sa formalisation. L’enseignant doit définir le ou les buts d’apprentissage en terme de contenu ou format. Une situation d’enseignement apprentissage peut donc être définie par son but, ses moyens et tout ce que comporte la situation comme le lieu, l’organisation. Le terme d’ingénierie didactique désigne l’activité de conception de situations d’enseignement.
Contenus et apprentissages
Il s’agit de définir le fond et la forme de la connaissance. Les auteurs choisissent de prendre un exemple concret pour expliquer les aspects de leur démarche. Ils traitent ainsi de la transmission des caractères héréditaires chez l’homme. Le chapitre 6 aborde la question de savoir comment favoriser les apprentissages. On favorise la compréhension quand on utilise des modalités complémentaires de présentation de la même situation (schéma, objet, réel, commentaire oral …) mais sans être redondant, c’est-à-dire sans présenter deux fois le même message. Une note de synthèse résume comment favoriser les apprentissages.
Quelles tâches faire faire aux élèves ?
On peut distinguer plusieurs types de tâches : tâche d’étude comme écouter un cours, tâche de résolution de problème, tâche de recherche d’information et tâche de dialogue. Au cours des dernières années, les tâches de recherche d’information ont trouvé toute leur place dans l’enseignement pour en constituer aujourd’hui une part importante. Les auteurs proposent un utile vademecum « réussir une tâche de questionnement ». Le livre évoque la question du travail en groupe et souligne qu’il n’y a pas de raison de croire que les élèves sont naturellement doués pour travailler ensemble. Il propose différentes possibilités pour cette modalité.
Comment motiver les élèves et les aider à apprendre ?
Les techniques présentées ici mettent en oeuvre des façons de concevoir des tâches et des évaluations qui améliorent la représentation et la capacité des élèves à les atteindre. On peut déjà montrer l’utilité de la connaissance, mais aussi celle de la tâche proposée. Il faut un degré raisonnable de difficulté. L’enseignant doit également proposer des tâches nouvelles et faire poursuivre aux élèves des buts de maîtrise plutôt que de performance.
Comment évaluer les apprentissages ?
Evaluer, c’est situer un acte par rapport à une référence. C’est même juger de la différence entre un acte et cette référence. Les auteurs détaillent les principales fonctions de l’évaluation autour d’un certain nombre de verbes comme valider, motiver, repérer. Il faut aussi bien avoir en tête pour qui on évalue : pour le système, pour l’élève ? Plusieurs expériences détaillées dans l’ouvrage montrent que, selon comment l’élève interprète la tâche, il va parvenir ou non à mobiliser les connaissances nécessaires à sa réalisation. De façon très utile, on trouve une liste des principaux biais d’évaluation comme la place de la copie, l’effet de contexte ou encore l’effet de genre. On mesure aussi l’importance de l’auto-évaluation pour les élèves.
Comment élaborer un plan d’action ?
Le plan d’action appelé aussi scénario pédagogique s’attache à décrire une phase d’enseignement apprentissage caractérisée par plusieurs éléments : un but d’apprentissage, une progression, des tâches, un engagement motivationnel et cognitif, des supports pour les tâches, un dispositif de régulation et d’évaluation des apprentissages. Là encore, les auteurs incarnent leur dispositif par un exemple à savoir ici « former à l’évaluation de l’information au collège ». Les auteurs se demandent ensuite s’il existe des plans d’action déjà prêts. Il s’agit d’éclairer ce qui se cache derrière certaines pratiques d’enseignement comme faire un exposé ou faire faire des exercices.
Traces écrites et supports d’enseignement
Une trace écrite remplit trois fonctions fondamentales : la mémorisation, la communication et le soutien de l’apprentissage. Dans l’idéal, une trace écrite devrait être élaborée par les élèves. Elle doit aussi être hiérarchisée. Le chapitre suivant parle des différents supports utilisés par l’enseignant pour permettre l’apprentissage des élèves. On peut mettre en avant le tableau qui récapitule quinze principes de conception de situations d’enseignement fondés empiriquement. Une fois de plus, le livre propose à partir d’un exemple une illustration des principes évoqués. A la fin du chapitre, le lecteur dispose également d’un récapitulatif des principaux supports qui distingue, pour chacun d’eux, en quoi il peut être pertinent ou pas selon le type d’activité.
Cet ouvrage peut donc intéresser tous les enseignants, entre ceux qui cherchent un cadre pour formaliser leurs pratiques déjà existantes, et ceux qui en cherchent pour viser à l’efficacité. Il propose aussi de nombreux acquis de la recherche afin de mieux construire ses séances pédagogiques.