L’auteur est un ancien militaire passionné par l’histoire de Paris
Le nom de son auteur est un pseudonyme : Jacques Hillairet est en réalité le colonel Auguste André Coussillan. Né en 1884, ancien combattant de la Grande Guerre, professeur à l’école de cavalerie de Saumur, affecté au Liban de 1930 à 1938, mobilisé en 1939, prisonnier de guerre en 1940, détenu dans un Offlag de Silésie, libéré en 1941.
Retraité de l’Armée, il s’installe à Paris, et se passionne pour l’histoire anecdotique de la capitale. Il organise des visites-conférences sur le vieux Paris et change alors son nom pour celui de jeune fille de sa mère, afin dira-t-il que « ses petits camarades de l’armée ne se paient pas sa tête ». En 1951, 1952 et 1953, à la demande de Jérôme Lindon, Jacques Hillairet publie aux éditions de Minuit une série de trois ouvrages intitulée Évocation du vieux Paris. En 1956, une nouvelle édition est publiée, en un seul volume, sous le titre Connaissance du vieux Paris. Elle est revue et refondue par l’auteur en 1976. Décédé en 1984, il repose au cimetière du Père Lachaise.
Il s’agit d’un gros ouvrage de plus de 800 pages, enrichi de 250 petites gravures, avec une mise en page de deux colonnes par page, bien relié et agréable à feuilleter. Il ne s’agit cependant pas d’un guide de promenade, car, outre son poids, son contenu n’a pas été remis à jour depuis 1956. C’est dire si le Paris qu’il décrit, n’est souvent plus celui que l’on parcourt aujourd’hui. Par contre on y trouvera des milliers de renseignements et d’anecdotes sur les rues, les places, les maisons, les infrastructures anciennes et les monuments de Paris.
Rive droite, rive gauche, îles et villages annexés en 1860
L’ouvrage est construit en trois parties, correspondant aux trois tomes initiaux. La première partie « Rive droite », comprend 33 chapitres pour 320 pages. L’auteur suit un plan géographique, par quartier et par rue, puis par numéro. Il retrace alors l’histoire du bâtiment, de ses hôtes illustres, raconte des anecdotes, retrace l’évolution de la toponymie. La seconde partie « Rive gauche et les îles » est construite sur le même modèle, en 21 chapitres et 250 pages du parvis de Notre-Dame à la plaine de Grenelle, en passant par l’île Saint-Louis, la montagne Sainte-Geneviève, le collège des Bernardins, la tour de Nesle et les faubourgs.
Les 18 chapitres et les 300 pages de la 3ème partie, « Les villages » sont consacrés aux territoires villageois annexés à Paris en 1860. Certaines communes virent leur territoire entièrement annexé à Paris et disparurent : Vaugirard, Grenelle, La Villette et Belleville ; d’autres furent supprimées, la plus grande partie de leur territoire annexé à Paris et le reliquat l’étant par des communes voisines : Auteuil, Passy, Les Batignolles-Montceau, Montmartre, La Chapelle-Saint-Denis, Charonne et Bercy ; d’autres enfin eurent seulement une petite partie de leur territoire annexé à Paris : Ivry, Gentilly, Montrouge, Neuilly-sur-Seine, et Saint-Mandé. La population de Paris, qui était de 600 0000 habitants, tripla presque. La ville fut divisée en 20 arrondissements et 80 quartiers, au lieu des 12 arrondissements et 48 quartiers qui existaient antérieurement. La majorité des habitants des nouveaux arrondissements (13ème à 20ème) était composée, soit d’anciens habitants des communes, cultivateurs, maraîchers, meuniers, carriers, soit de petits rentiers et employés que la dureté des temps et la cherté des loyers avait chassés de Paris peu d’années auparavant, soit d’ouvriers fixés à proximité de leurs usines. L’annexion se traduisit pour ces nouveaux Parisiens par une forte hausse de leurs impôts, et par une quantité considérable de travaux, car ces communes souffraient d’un net retard de développement du point de vue urbanisme, instruction, hygiène, voirie et police.
Un Index alphabétique des noms des rues et des principaux établissements décrits ou cités complète l’ouvrage. Il est indispensable pour assouvir une curiosité précise. Il est toujours possible également de consulter le Dictionnaire historique des rues de Paris, du même auteur, qui lui est régulièrement réédité et remis à jour, et qui décrit en détail l’histoire, les monuments et les événements qui ont marqué les 5 334 rues de la capitale.
© Joël Drogland